LE LANGAGE NE SERT-IL QU’À COMMUNIQUER ?
Le sens commun aurait tendance à affirmer que le langage sert à communiquer les animaux, ayant eux aussi un langage, seraient par conséquent nos semblables ; or la conscience commune prône paradoxalement le contraire. Ce qui signifie que quelque chose distingue le langage humain et animal, ce qui nous incombe c’est de connaître l’origine de cettedifférence, de cette divergence ou même, on peut le dire, de ce fossé. Le langage humain est-il spécifique ? N’existe-t-il pas d’autres fonctions qui seraient le « reflet » de la nature humaine ? En d’autres termes, quelles sont les autres fonctions du langage et pourquoi l’Homme est-il le seul à pouvoir les atteindre. Cette question reste fondamentale pour l’affirmation de la condition humaine auquotidien ainsi que pour nous aider à ne pas réduire systématiquement le langage à sa fonction première qu’est la communication.
Après avoir défini et explicité le langage humain et la fonction de communication, nous développerons ses limites (remise en question de la prétendue singularité de cette faculté) pour pouvoir étudier dans une troisième partie les autres fonctions rattachées au langagehumain.
Tout d’abord, nous pouvons rappeler ce qu’est le langage : c’est une faculté propre à l’ensemble de l’humanité. Au sens strict du terme, il s’agit d’un ensemble de signes parlés ou écrits traduisant la pensée par la parole au moyen d’une langue. C’est une fonction psychologique qui permet l’expression verbale et c’est une opération de l’esprit.
Ensuite, il nous est possible d’établir unecomparaison sommaire entre le langage humain et animal pour en extraire les différences. En effet, le langage humain est vocal, c’est-à-dire articulé alors que celui de l’abeille par exemple est gestuel et donc beaucoup plus limité. De plus, chez cet animal, il n’y a pas de dialogue autrement dit il n’y a pas l’élaboration d’un message à partir d’un autre message. Chez l’Homme, il y a un échangelinguistique : son langage est donc conceptuel, acquis et culturel alors que celui de l’abeille est inné et naturel. Enfin, le langage humain s’analyse en différentes parties, elles-mêmes analysables : il s’agit donc de la double articulation (phrase ? mots ? syllabes) qui n’existe pas chez l’animal.
Le langage se révèle donc être un moyen de communication interhumaine immédiate qui traduit lapensée. Il permet d’échanger, de discuter, de transmettre des informations et fait partie de nous puisque la pensée est l’appropriation par l’Homme du langage et de la langue. Nietzsche, philosophe allemand du XIX éme siècle montrera la nécessité de la communication chez l’Homme qui a commencé à parler pour survivre : il était l’animal le plus menacé mais grâce au dialogue avec autrui, il réussi àtransformer la nature (cf. le mythe de Prométhée, Platon).
Cependant, cette façon bien que très utile n’est pas spécifique de l’Homme car au sens large, les animaux communiquent eux aussi (un locuteur, un récepteur et compréhension) le langage humain présente certaines failles, surtout au niveau de la communication et cela nous ouvre la voie pour reprendre à notre problématique.
Lors d’undialogue entre deux individus, il n’est pas rare d’apercevoir chez le locuteur certains troubles dus à la difficulté qu’il éprouve à partager son sentiment, par exemple, en effet, tout n’est pas communicable.
Premièrement, l’individuel ne peut pas être dit car le langage est conceptuel et généralisant si l’on convoque la pensée de Nietzsche et de Bergson (philosophe français du XIX ème siècle). Iltrahit la particularité : l’amour ou la haine ont du mal à se loger dans des mots, dans le langage habituel.
Deuxièmement, le langage introduit de l’extériorité dans l’intériorité et sépare ce qui n’est pas forcément séparable dans la réalité. Exemple : si je passe de bonnes vacances mais que en même temps, j’appréhende la rentrée, le langage distingue deux états d’esprit différents alors que…