Le mal de rimbaud

Le Mal

Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;
Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;

Tandis qu’une folie épouvantable broie
Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ;
– Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommessaintement !… –

Il est un Dieu qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ;
Qui dans le bercement des hosannah s’endort,

Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !

Rimbaud, Poésie, 1870
Annonce des axes
Dans ce texte, nous aurons 3 axes :peinture de la guerre et de la dénonciation de la guerre
La satire de dieu et de la religion
la nature
Etude méthodique
I) Peinture et dénonciation de la guerre
Le carnage
Ce poème peint l’horreur et la boucherie de la guerre. Il la dénonce sur un ton virulent. Cf. Candide Chapitre 3 « boucherie héroïque » très forte antithèse. Juxtaposition de deux termes antithétique -> dévalorisation de lavaleur de l’héroïsme ; Voltaire dénonce la complicité de l’Eglise et du Roi.
Rimbaud la décrit ici dans le 2ème quatrain v.1 à 6.
Dès le v.1, la métaphore « les crachats rouges » donne le ton du poème.
Pour insister sur un mot en poésie, on le place soit au début, soit à l’hémistiche ou soit à la fin du vers.
Importance de la place de « crachat ». Un mot aux sonorités dures, terme très vulgaire ettrivial, qui évoque le désagréable, le dérangement et le réalisme.
« Crachat rouge » évoque le sang, opposition entre le ciel bleu…, l’or, le vert.
Le canon crache du feu en 1870. Le mal a la couleur du feu, du sang, et de la haine. Nous avons un enjambement entre le vers 1 et 2 qui met en valeur le sifflement. Pour évoquer la vision et l’ouïe avec des sensations visuelles et auditives. Trajectoire ducrachat du canon.
Le rouge du vers 1 est repris par écarlate v.3, c’est plus pathétique.
Sonorités dures :
Allitération en – « r », « crachat, raille, croulent »
– « f », « infinie, fumant »
– « sse », « masse… »
Sensation visuelle « rouge » et auditive agressive.
2. Déshumanisation des hommes
Vue du ciel proposé par Rimbaud dans les 6 premiers vers est un champ de bataille.
Les couleurs -> enécarlate les troupes françaises et en vert les troupes prussiennes. Une fois recouverts d’un uniforme, ils deviennent des pions et perdent toute individualité car c’est une masse. V.6 « fait des hommes un tas fumant ». Transformation terrible des hommes en un tas fumant. En fait, des hommes transformés dans un tas calciné -> cendre -> mort.
Le verbe « faire » est utilisé à contre-emploi, il crée le mal maisne le fabrique pas.
La souffrance des mères
La mère donne vie et ne veut pas que ses enfants se fassent tuer à la guerre.
« Les mères sont ramassées dans l’angoisse » v.12.
Le rejet qui met en valeur cette expression « ramassées » -> recroquevillement tremblante et « Dieu » reste « zen ». Dieu est complice et indifférent à la guerre.
Les mères pleurent l.13 « …pleurant… ». Elles sont pauvres et endeuil car elles portent du noir : « …vieux bonnet noir… ». Elles demandent la protection de Dieu en leur donnant un sous l.14 « …un gros sou… ».
Une guerre sale et méprisante qui déshumanise les hommes et qui tue la vie et fait pleurer les mères face à cette vision dantesque de Dieu.
La présence de Dieu peut surprendre et ne pas surprendre car Rimbaud a été pratiquant.
Ici, il attaque directementDieu, et avec le titre, Dieu fait le mal : le diable.
Dieu est indifférent face à ce massacre.
II) La satire de Dieu et de la religion
Le verbe « rire » de Dieu se rapproche du verbe « railler » du Roi.
Dans le poème Le Mal, il ne cite qu’une seule phrase qui montre bien la simultanéité du carnage et de Dieu qui rit.
Dans ce texte, il y a une forte antithèse :
Au rouge du sang, Rimbaud oppose…