Le mariage de l’odyssé

Séquence IIŒuvre intégrale

?

Ecriture : 1778
Date de la 1ère représentation : 1784

Alors même qu’il avait été écrit en 1778, il n’a été joué au théâtre qu’en 1784, certainement à cause de ce monologue ( le plus long monologue du théâtre Français ) dans lequel Beaumarchais prête à son valet toutes ses idées politiques. Nous sommes au début du dernier acte dans le parc du château d’AguasFrescas en Espagne. La scène est plongé dans l’obscurité totale. Cet acte réserve une ultime épreuve à Figaro ( qui vient de triompher lors de son procès ) : persuadé d’être trompé par sa future femme Suzanne ( il a intercepté le billet dans lequel Suzanne a donnée RDV au Comte ). Il attend donc l’arrivée du Comte au RDV donné par celle qu’il croit être Suzanne – qui est en réalité la Comtesseelle-même, qui veut tendre un piège à son mari volage. A travers ce long monologue qui constitue une pause narrative à l’intérieur d’une comédie au rythme effréné, le valet Figaro philosophe et délibère avec lui-même. C’est l’occasion pour lui de dresser le bilan de sa vie, d’exprimer son désarroi et sa colère contre l’injustice en général et pour le dramaturge c’est l’occasion de doter son valetd’une épaisseur psychologique, quasiment romanesque. C’est pourquoi nous pourrons, dans un premier temps, analyser la dynamique du récit où la délibération lyrique domine, pour enfin étudier le réquisitoire social auquel se livre Figaro.I/ Un récit dynamique.

Le problème auquel est confronté Beaumarchais ici est celui de la représentation théâtrale. Il a tout à fait conscience qu’un monologue decette longueur risque d’être incompatible avec un représentation théâtrale. 1 ) L’alternance récit- discours renforcé par la gestuelle du personnage.Tout le monologue est rythmée par un alternance entre le récit de la vie de Figaro et le discours qui ramène sans cesse à des moments de la pièce. A chaque interruption, une gestuelle marque une coupure entre les deux parties. – Il se lève pour lediscours.- Il s’assied pour le récit de sa vie.

Didascalie => Moments qui rythment le monologue.

Structure du monologue :
L 1 à 15 : Discours sur les Femmes. Faux dialogue avec le Comte.L 15 à 35 : Récit de sa vie. Retrace l’itinéraire.L 41 à 69 : Discours s’adresse aux puissants de ce monde.L 70 à 71 : Discours ( Rejoue la scène de sa vie )L 71 à fin : Bilan de sa vie.Toute ces interruptionsaniment le monologue pour ne pas qu’il soit ennuyeux.

2 ) La vivacité du récit …

a) … Par le jeu des temps…
Le monologue fait alterner les temps du discours ( présent ) et les temps du récit ( passé ), mais il utilise aussi de façon inattendue le présent de narration ( Vient remplacer le passé simple pour actualiser les évènements passés. Mais il donne aussi à voir sur scène les actionsévoquées par le discours. )
L 28 : Passage au présent de narration qui rend le passage beaucoup plus vif.
L 53 : Passage de nouveau au présent de narration.
Ce temps est employé pour ses moments de grands désespoirs et son emprisonnement.

b) … Par les raccourcis narratifs.
Autre moyen de rendre ce discours percutant : des raccourcis, des phrases coupées pour gagner en efficacité.Enchainements rapides, énumération raccourcies, narratifs présents ( voilà, voici ) qui montrent directement les conséquences et non des faits )

c) … Par sa force rhétorique.
Ce monologue est particulièrement travaillé du point de vue des rythmes, des sonorités ( ex: vers blancs)
L 16 : Rythme ternaire ( alexandrin ). Renforcé dans les deux premières étapes pas une assonance.
L 38 : Rythmeternaire renforcés à l’intérieur par un rythme binaire.
L 77 à fin : Succession de vers blancs. ( 7 ou 8 syllabes. )

Période oratoire ( l.44 et suite ) crée une attendre du spectateur car la protase est bien plus développée de l’apodose.
Le ton qui ouvre le texte répond en écho à la fin du texte « Suzon, Suzon, Suzon. »

3 ) Un récit qui parle à l’imagination du spectateur.

Champ…