Le Roi se meurt, Ionesco
Lecture analytique 5 Folio : p. 32-33-34-36. L’annonce de sa mort au roi
« Sire, je dois vous mettre au courant… autrefois on les tuait ». Quelques notes sur le cours
INTRODUCTION :
Situation…
Cette scène, dialogue, va consister en l’annonce de sa mort au roi Bérenger et des sentiments qu’elle suscite chez lui.
Registres : comme précédemment : mélange des tonsà burlesque à démythification de la tragédie. Toujours fantastique.
COMPOSITION : Deux mouvements
1°/ du début… « on devrait le faire rembourrer » :
L’annonce de sa mort au roi et le refus de celui-ci d’accepter cette idée
2°/ « Comment se porte le pays… on les tuait » :
Évocation du délabrement du royaume qui correspond à la décadence de la puissance royale et à l’agonie du roi.LECTURE LINEAIRE :
Apostrophe : « Sire… » : On reconnaît bien dans cette réplique la reine Marguerite qui est une femme de devoir et de pouvoir. « je dois ». Le personnage de Marguerite est tout entière à l’accomplissement de sa tâche sans accepter les sentiments de pitié comme Marie.
La didascalie («Marguerite se dirigeant vers le roi ») montre la volonté du personnage de centraliser ou de focaliserl’attention du roi qui refuse de voir les choses.
Par la négation + ordre à l’impératif (« non, taisez-vous »), Marie essaie de s’interposer entre la vérité et le roi. Elle essaie d’écarter du roi ce qui peut le faire souffrir, mais cela fait de lui quelqu’un de faible puisqu’il a besoin de protection à infantilisation.
L’ordre de Marguerite est encore plus autoritaire. Les deux personnagess’opposent violemment par ces deux ordres parallèles mais contradictoires :
Montée de l’intensité dramatique : « ce n’est pas vrai ». Le ton monte aussi (impératifs, phrases plus courtes). Marie emploie le présent au lieu du futur pour dédramatiser, avant même qu’elles soient prononcées, les paroles de Marguerite : « ce n’est pas vrai ce qu’elle dit)
Dans la réplique du roi, l’abondance desinterrogations (4) qui reprennent chacune les interventions des deux reines, évoque sa situation particulière : il est pourtant le personnage principal, mais il est complètement en dehors de ce qui se passe (là encore le pouvoir semble lui échapper), cf. début de la pièce et les déplacements symboliques des personnages : le roi occupe le fond de la scène.
« Sire… » : Marguerite parvient, malgré lesinterventions de Marie, à annoncer la vérité au roi. Elle le fait sans préoccupation de pitié aucune, sans édulcorer la vérité (« mourir ») à caractéristique de sa personne. Aspect officiel du titre « Sire ». Emploi du futur proche à imminence de sa mort. Toujours devoir : « on doit »
En revanche, le médecin lui annonce sa mort en manifestant un sentiment : « Hélas » à tristesse, sentimentalitéà la différence de Marguerite.
Le roi prend la chose de façon universelle au lieu de la prendre personnellement : « je » à « nous » (tous) : il parle du destin normal de l’humanité). Il refuse de considérer la vérité en face (forme de sa faiblesse). Il prend le futur proche pour un futur simple. Il minimise l’importance de l’annonce de Marguerite par les mots employés pour la définir (« chosesdésagréables ») et par le recul dans le temps.
« il est déjà » : c’est encore Marguerite face à la réalité. Elle replace (ou voit) toujours les choses dans leur réalité (« il est déjà midi »). Elle remet les choses en place. Dans la réponse du roi, effet comique : c’est comme si le roi se défendait de s’être levé tard.
Le roi refuse de voir passer le temps car chaque moment qui passe lerapproche de la mort. Il est finalement obligé de se rendre compte de l’évidence et de se mettre dans le bain de la réalité des choses. Mais il met en avant sa subjectivité. Il oppose à la réalité des choses, sa propre subjectivité : « midi » à « matin ». « Breakfast » à anachronisme, anglicisme comique pour l’époque (à « living room ») il dédramatise encore la situation. Accélération du temps :…