Le serpent qui danse
Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau!
Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.
Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sontdeux bijoux froids où se mêlent
L’or avec le fer.
A te voir marcher en cadence,
Belle d’abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton.
Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d’enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,
Et ton corps se penche et s’allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l’eau.
Comme un flot grossipar la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l’eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon coeur!
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
Situation du passage
1Le poème se trouve dans la partie de spleen et idéal. Le spleen est l’état d’angoisse et de parano dans lequel se trouvel’auteur pour différentes causes. Une des cause est la déception face à l’idéal justement (l’idéal de Baudelaire est la perfection de la beauté, en référence à Platon, et au divinité, en référence au christianisme). D’autre cause secondaire sont le manque d’argent, et la douleur physique. Le poème commence dans un spleen et finit en Idéal. Le poème précédent traite de la même thématique c’est la preuveofficielle que le recueil est structuré.
Le titre
Le serpent représente souvent la femme. Il invite à une idée sensuelle, harmonieuse et effrayante ! C’est aussi une figure biblique très intéressante, car il sous-entend la tentation et le diable. La danse donne le rythme au poème. L’on constate que les vers sont courts et ainsi plus rythmés.
Analyse générale
Le poème est composé de 9 strophe (lechiffre 9 représente le purgatoire, les enfers dans la Bible). Les rimes d’octosyllabes sont féminines et celles de pentasyllabes sont masculines. Ce poème est certainement dédié à Jeanne Duval qui représente le côté charnel de l’amour.
Strophe 1
Vers 1 : Le « Que » appuie une forte exclamation et intensifie la phrase. « Aimer » amène l’idée de désir et « voire » montre que c’est au sens de lavue que l’auteur fait référence. « Indolente » est un adjectif substantivé qui signifie : distante, insensible. Celui-ci est appuyé par le « chère ».
Vers 2 : Il y a un bouleversement de la syntaxe entre le vers 2 et 4. Le corps est ainsi mis en avant et le « si » appuie la beauté.
Vers 3 : il y a une comparaison entre le corps et l’étoffe introduite par comme. L’étoffe représente un tissuprécieux et vacillante signifie souple, brillant et en mouvement.
Vers 4 : Enfin l’on apprend ce que veut voir le poète : la peau. Il y a donc une mise en attente. Le miroitement donne une brillance et fait référence à la peau du serpent. L’on remarque aussi que la formulation est exclamative.
Strophe 2
Vers 1 : la chevelure donne un pouvoir et une magie dans ce vers. La profondeur amène l’inconnu.Vers 2 : « âcres » amène une notion d’odorat mais aussi péjorative. Il rappelle la mer ou la transpiration (sensualité). C’est une antithèse avec les parfumes. Vers 3 : La mer, métaphore filées suivant tout le poème entre en jeu. Elle représente le lointain, comme le vagabondage le souligne après. L’exotisme, le voyage, la mer font référence à Jeanne Duval la fille des îles. Vers 4 : les flotsamènent l’idée de profondeur et d’inconnu. On dirait que le poète navigue sur les cheveux de la femme. La strophe ne se termine pas il y a une virgule.
Strophe 3
Le champ lexical de la mer domine et il y a une métaphore filée entre l’âme et le navire. Il y a aussi une personnification de l’âme et du navire.
Vers 1 : l’éveille montre un renouveau, quelque chose de frais
Vers 2 : le vent est…