Le singe et le leopard

LA MÉDITERRANÉE
AU XII° siècle
Première partie : les trois civilisations de la Méditerranée

1. l’Occident Chrétien
Après les bouleversements entraînés par les invasions du IXe siècle, les pouvoirs se sont stabilisés en Occident, principalement sur le modèle de la monarchie féodale.
L’Occident méditerranéen se caractérise par un morcellement politique, malgré une restauration del’autorité des princes et par la création de républiques urbaines.
La France, malgré les progrès du pouvoir royal, est encore un agrégat de petites seigneuries (duché d’Aquitaine, comté de Toulouse-Provence, Normandie, Bourgogne).
L’Italie, théoriquement sous l’autorité de l’empereur germanique, voit se développer les cités autonomes (Naples, république de Venise, Pise, commune de Gênes, Florence, Milan)et le pourvoir du pape qui contrôle une grande région autour de Rome. La péninsule achève de se dégager de l’autorité impériale : au Nord, les évêques tiennent le pouvoir dans les cités, s’appuyant sur l’aristocratie féodale. Lorsque l’empereur Frédéric Barberousse tente de réaffirmer ses droits impériaux, les villes du Nord, réunies dans la ligue lombarde, se révoltent et contraignent l’empereurà composer avec leur autorité (Paix de Constance en 1183). Au Sud, le royaume normand a acquis son indépendance et s’affirme comme le modèle de la monarchie féodale.
Dans la péninsule ibérique, les royaumes demeurent séparés : Portugal (c’est un royaume à partir de 1140), Navarre, Castille, Léon, Aragon. Cependant, chaque royaume connaît des progrès de centralisation, dans les limites de sesfrontières, selon les progrès de la Reconquista. La Guerre Sainte permet ainsi aux rois castillans de coiffer la féodalité sous leur autorité. Cependant, des institutions représentatives viennent limiter le pourvoir des souverains, comme les Cortes en Castille, qui représentent les villes à partir de 1187.
Depuis le XIe siècle, l’Occident connaît un développement économique rapide qui s’accompagned’une reprise démographique importante.
La production agricole augmente, après plusieurs siècles de crises. L’ensemble de la façade méditerranéenne est concernée par les déboisements, les terrassements, les travaux de drainage (par exemple en Camargue et aux bouches du Pô) et d’assèchement des marais. Ici et là, les zones irriguées permettent la polyculture. Partout, les hommes conquièrent lesvallées et les pentes, aménagent les versants abrupts et ravinés pour les mettre en culture. L’olivier et la vigne se développent rapidement (la vigne couvre jusqu’au tiers du sol en Catalogne, entre 10 et 20% en Provence et au Languedoc). Le nombre de petites terres paysannes (les  » alleux « ) progresse, signe de la création de lopins nouveaux.
Les progrès techniques sont encore limités, mais réels :les moulins se multiplient, ainsi que les forges (les moines cisterciens répandent leur utilisation, comme ils participent d’ailleurs aux défrichements, en Provence ou en Camargue), l’artisanat se développe dans les villes. Cependant, le Nord de l’Europe conserve la primeur de certaines techniques : la charrue à versoir n’est introduite que tardivement dans le Midi.
Famines et épidémies se fontplus rares pour un temps. Les hommes, mieux nourris, deviennent plus nombreux : on estime que la population de l’Europe s’accroît de 46 millions d’habitants vers le milieu du XIe siècle, à 61 millions en 1200. Cependant, cette croissance des hommes concerne surtout les régions du Nord.
Le commerce interrégional se développe, les marchés prennent de l’importance, la monnaie retrouve son rôle.Les centres urbains bénéficient de cet essor, en particulier les grandes villes italiennes, dont les marchands contrôlent les relations commerciales avec l’Orient et dominent la façade méditerranéenne.
La société occidentale, régie par le système de la féodalité, est dominée par les seigneurs, détenant le pouvoir militaire, seuls capables d’assurer la sécurité à l’aide de leurs vassaux,…