Le réalisme battait son plein lorsque le jeune Émile Zola (1840-1902) débarque à Paris, vers 1858, y poursuivre ses études. Il est en seconde. Double échec au baccalauréat ; ironie du sort : à causedu français. Il doit se mettre à la recherche d’un emploi. Orphelin de père, doté d’une mère désargentée et procédurière, il faut qu’il apprenne à gagner sa vie. Bientôt Hachette l’accueille, pourficeler les paquets de livres expédiés aux auteurs. Le milieu l’attire, surtout dans la fascination du littéraire. Zola lit beaucoup, écrit des vers, se tient au courant de la vie littéraire etartistique parisienne. Bientôt, il propose à un directeur de journal de rédiger des chroniques d’expositions, puis de spectacles et de livres. Il devient journaliste. Voilà Zola lancé dans la défense de lanouvelle peinture, d’Édouard Manet surtout, qui arrive dans la suite déjà glorieuse d’un Courbet et d’un Corot, au seuil d’un courant encore inconnu, l’impressionnisme.
2 Zola s’ouvre à l’écriture. Il atoujours fait des vers et il vivait dans l’admiration des romantiques, de Victor Hugo à Alfred de Musset qu’il chérit, intimement, très fort. Il ose, et, de La confession de Claude (1865) à ThérèseRaquin (1867), il a le temps de réunir les meilleurs de ses articles dans Mes haines (1866) et les textes dédiés à la peinture et à la défense de Manet dans Mon salon et Édouard Manet (1867). Zola estconnu. Il entreprend un grand projet, la série romanesque des Rougon-Macquart, Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire. Il prévoit dix romans. Il y en aura vingt. D’emblée ilopte pour le « naturalisme » et pour « la science et le discours scientifique ». Telle est la mode du temps.
3 Zola admire Balzac et son œuvre. Il veut faire du nouveau, plus « naturel », etanticiper sur le « pas encore là ». Il réunit, en 1880, ses articles théoriques autour d’un titre évocateur, Le Roman expérimental. Mais il est déjà sur la brèche pour faire « vrai », pour transcrire les…