L’écriture-femme

Introduction

Le monde littéraire, comme tous les autres domaines de pouvoir, a toujours été détenu par les hommes. Toutefois, quelques soient les périodes, de Thérèse d’Avila à Georges Sand, en passant par Mme de Staël, Colette ou encore Virginia Woolf, les femmes bénéficiant d’un certain rang social et d’une éducation bien accomplie ont pu mettre un pied dans le monde deslettres. En spécifiant leurs œuvres comme étant exclusivement féminines, cela exige une distinction précise entre une littérature écrite par des hommes et une autre écrite par des femmes. Par ce fait une écriture dite « féminine » sous-entend une écriture autre, autre par rapport aux modèles existants majoritairement masculins. L’écriture féminine vient donc se situer et exister face à une autre pratiqued’écriture (une écriture qui serait masculine), face à un autre rapport au langage, aux mots, à la littérature, la femme s’exprime autrement que l’homme. En effet, l’homme et la femme ne perçoivent pas la réalité de la même façon, et de ce fait, ne la transcrivent pas de la même manière.
Ainsi, dans L’écriture-femme, Béatrice Didier veut étudier la spécificité de l’écriture féminine. Enchoisissant des œuvres différentes, à des époques différentes, Béatrice Didier veut analyser ce qui caractérise l’écriture femme comme étant féminine. Elle observe le style d’écriture, les thèmes traités, le langage, ainsi que la place sociale de ses écrivaines. Afin d’approfondir notre réflexion sur le travail fait par Béatrice Didier, il est nécessaire de définir, en premier lieu, le contexteculturel et temporel de l’écriture féminine. Suite à cela, nous mettrons en évidence le but de l’écriture féminine, en tentant de percevoir sa spécificité, ainsi que les polémiques et les limites de cette écriture.

. Contexte culturel et temporel de l’écriture féminine
. L’apparition de l’écriture féminine

Loin de nous l’idée de croire que l’apparition de l’écriture féminine estrécente. Au contraire, on remarquera la naissance d’une écriture féminine au Moyen Age. En effet c’est à cette période que surgit les premiers écrits de femmes. On notera par exemple, les lettres d’Héloïse, cette femme « dialecticienne, théologienne et abbesse » échangea les lettres les plus anciennes et les plus connues de l’amour romantique avec Abélard, « l’un des principaux acteurs du renouveau dulangage au début du XIIe siècle. »
C’est aussi au Moyen Age qu’apparaît la première femme écrivain à se définir comme telle, il s’agit de Christine de Pizan. Elle est considérée comme la première femme de lettres françaises ayant vécu de sa plume. Son instruction et son savoir la distingue des écrivains de son époque, hommes ou femmes. Elle composa des traités de politique et de philosophie, etdes recueils de poésie. Par ailleurs, elle a été engagée dans la première querelle littéraire française que certains ont tendance à considérer comme étant une proclamation primitive du mouvement féministe. Elle jouit d’une grande popularité dans le milieu de la cours à son époque, mais les clercs et les universitaires, troublés de voir une femme rivaliser avec eux sur le terrain même du savoir etde la littérature s’accordent à la bannir de ce milieu. Mais au Moyen Age, on distingue plus de femmes réformatrices d’un certain système que de réelles écrivaines se définissant ainsi, comme en témoigne Thérèse d’Ávila, qui est connue pour ses réformes des couvents carmélites et est considérée comme une figure majeure de la spiritualité chrétienne.
Cependant, ces écrits ne sont guèrereconnus, et les critiques ne sont pas très élogieux à leur égard. Il faut attendre la naissance d’un sentiment féministe et le désir de réhabiliter les femmes dans la littérature pour que toutes ces œuvres prennent la place qu’elles occupent actuellement dans le milieu des études littéraires. Effectivement, c’est au XVIII siècle que commence à surgir un sentiment féministe, comme en témoigne…