INTRO
On désigne, sous l’appellation de Lumières, un vaste mouvement philosophique et scientifique qui domina le monde des idées dans l’Europe de la seconde moitié du XVIIIe s., et qui connut une intensité plus particulière en France Le mouvement des Lumières naquit dans un contexte technique, économique et social particulier : montée de la bourgeoisie, progrès des techniques, progrès del’organisation de la production et notamment des communications, progrès des sciences souvent appliquées au travail des hommes. Le mouvement des Lumières tire son nom de la volonté des philosophes du XVIIIe s. européen de combattre les ténèbres de l’ignorance par la diffusion du savoir. L’Encyclopédie, dirigée par Diderot et d’Alembert, est le meilleur symbole de cette volonté de rassembler toutesles connaissances disponibles et de les répandre auprès du public éclairé. Les principaux représentants des Lumières sont, en Grande-Bretagne, J. Locke, D. Hume, I. Newton ; en Allemagne, C. Wolff, Lessing, Herder ; en France, Montesquieu, Voltaire, Diderot, J.-J. Rousseau, tous les Encyclopédistes, Condillac et Buffon.
DEVELOPPEMENT
Au XVIIIe siècle le contexte politique, social et religieuxn’est pas seulement le cadre de la réflexion appelée « philosophique». II en est également la cible. La contestation touche en effet l’absolutisme et l’organisation de la société sur laquelle il repose.
Une littérature critique
Cette littérature d’idées se met en effet au service de la critique, devient une arme, un instrument didactique, ce qui lui vaut d’être fréquemment menacée par lacensure. Elle entretient ainsi avec le contexte politique, social et religieux des relations conflictuelles, nourries par la diversité des thèmes abordés (le roi, les grands, l’Église, la justice, les inégalités) et la pertinence de ses attaques. Elle provoque une prise de conscience et la remise en question de certitudes et de croyances traditionnellement admises. Ces différents genreslittéraires, complétés dans leur action par le roman et le théâtre, notamment celui de Beaumarchais constituent une des forces qui ont fait basculer l’absolutisme.
L’absolutisme
Le siècle s’ouvre sur la fin, austère et sombre, du règne de Louis XIV, qui meurt en 1715. La Régence de Philippe d’Orléans, interrègne marqué par une libéralisation des mœurs, ne modifie pas les fondements d’un régimecaractérisé par une centralisation qui se maintient pendant les deux règnes suivants, celui de Louis XV et celui de Louis XVI. Monarque absolu, le roi, dont la fonction est héréditaire, détient les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire). Représentant de Dieu sur terre, il est aussi monarque de droit divin. Le pouvoir politique émane de lui et se transmet par des représentants dont le choixlui revient. Comme l’écrit Montesquieu dans la Lettre persane 99, Le Prince imprime le caractère de son esprit à la Cour; la Cour à la Ville, la Ville aux provinces. En matière politique, les Lumières instruisent la critique de l’absolutisme et érigent le despotisme éclairé en modèle de gouvernement. Il s’agit de subordonner les intérêts privilégiés et les coutumes au système rationnel d’un Étatcensé représenter le bien public, de favoriser le progrès économique et la diffusion de l’enseignement, de combattre tous les préjugés pour faire triompher la raison. Ce despotisme éclairé inspira Frédéric II en Prusse, Catherine II en Russie, Joseph II en Autriche. Montesquieu propose qu’en France les « pouvoirs intermédiaires » (clergé, noblesse, parlements judiciaires) exercent une forme decontrôle, comme représentants naturels de la nation, sur la monarchie : son libéralisme politique est donc limité aux élites.
Les inégalités sociales
Étroitement liées à l’organisation politique, celle de la société est l’objet de nombreuses critiques. Elle repose en effet sur des inégalités flagrantes. Sur les 24 millions de sujets que comporte le royaume en 1715, la classe favorisée,…