Les banlieues, échec ou conséquence de l’urbanisme?

Les banlieues, un échec ou une conséquence de l’urbanisme ?

« J’ai le devoir d’indiquer que leur Charte d’Athènes pose avec précision la recette de base. Elle vient apporter la confirmation et l’appui à ceux qui ont compris que le premier facteur de longévité d’un peuple est le suivant : qu’il ait exactement l’âge de son époque. »

Voici ce qu’affirme Jean Giraudoux dans son discoursliminaire en introduction à la Charte d’Athènes.
Issue du IVe Congrès international d’architecture moderne (CIAM), la Charte d’Athènes marque l’aboutissement d’une réflexion autour d’un nouvel urbanisme « rationnel» en harmonie avec une nouvelle société basée sur « l’ère machiniste ».
Le Corbusier propose des structures techniques et esthétiques en réponse à de nouvelles structures économiques etsociales, il fabrique la ville fonctionnelle avec comme noyau initial : l’homme « moderne » et son environnement naturel.
Ce manifeste, marque le début d’un questionnement sur la ville en lien avec son temps et les besoins de ses habitants et pose l’architecte au centre de la fabrication de la ville.

Le premier extrait de texte proposé est issu de cette Charte d’Athènes, il nous éclaire sur ceque représente la notion d’urbanisme pour Le Corbusier, sur cette volonté de contrôler le territoire par l’urbanisme.
« Elle a sérieusement compromis le destin de la cité et ses posibilité de croitre selon une règle. »
Il propose donc, dans la charte d’Athènes des remèdes à des situations, selon lui, incohérentes avec l’ère machiniste, c’est-à-dire, ce moment dans la société d’après guerre oupour la première fois dans l’histoire de France, avec l’exode rural et l’après-guerre, la population vit pour la majoritairement en ville, et ou l’industrialisation connaît un essor fulgurant.
Plaçant l’architecte au centre de la fabrication de la ville, il est donc de sa responsabilité de prendre en charge cette « banlieue malade » qui est une « erreur urbanistique », caractéristique de l’èredu machinisme.

Plaçant l’homme au centre de la fabrication de la ville, Le Corbusier définit les banlieues comme un échec de l’urbanisme, c’est une partie du territoire que l’homme n’arrive pas à maîtriser.

Selon lui, l’urbanisme est donc la solution au problème du « désordre » de la banlieue, « terrain sans tracé défini », « entorse (…) à la règle normale des tracés ».

Il reconnaîtcependant, la dualité qui réside dans ces espaces d’entre deux « symbole à la fois du déchet et de la tentative », « c’est une sorte d’écume battant les murs de la ville ».
La banlieue, périphérie, n’est jamais réellement définie, architecturalement, socialement, ni même politiquement.
Nous pourrions la comparer à la pièce de la maison qui n’est jamais vraiment terminée, on reste indécis en ce quiconcerne sa future fonction, et cela laisse de la place à la rêverie, au projet. La banlieue, par cette même ambiguïté, contient cette poétique décrite par Gaston Bachelard dans la Poétique de l’espace, mais cette fois à l’échelle urbaine.
D’ailleurs, les sites donnés aux élèves en projet d’architecture, sont très souvent des friches situées en périphérie. Comme l’exprime Le Corbusier, ceslieux sont intéressants par l’entre-deux qu’ils proposent.
Et l’une des premières questions que posent ces lieux de bordure est la suivante, faut-il lier la ville à sa banlieue pour créer une continuité, ou faut-il créer une réelle coupure afin d’affirmer l’identité de chacune des parties ?
Finalement, la création de nouvelles villes s’étant achevée pour la majeure partie à l’époque médiévalepuis à la renaissance, il apparaît que ce qu’il reste à faire aujourd’hui c’est recréer le lien :

« À Chalon-sur-Saône, dont j’ai été maire pendant près de vingt ans, on compte 37% de logements sociaux. Il y a d’un côté la ville ancienne, qui s’est bâtie au fil des siècles, par petits bouts. Et puis, plus loin, de nouveaux quartiers immenses, construits d’un bloc, fermés sur eux-mêmes et conçus…