Les femmes et l’entreprise :
Quand on demande à une femme « est-ce que vous travaillez ? », il faut entendre, gagnez-vous de l’argent ? Si ce n’est pas le cas elle répond souvent presque honteusement : « non », même si elle élève quatre enfants, aide son mari dans sa boutique ou ses affaires, s’occupe de ses parents âgés, se lève tous les jours la première, éteint les derniers feux aprèsavoir couru du matin au soir, sans connaître ni vacances ni jours fériés. Les femmes ont toujours été hyperactives mais sont entrées tardivement dans le monde du travail rémunéré, hormis les prostituées ou les femmes de service. La répartition des rôles instaurée au départ et la privation d’éducation sont longtemps restées gravées dans le marbre. Les rares femmes dites de « tête » qui avaient eu lachance de pouvoir étudier , n’en faisait pas commerce mais œuvre d’art ou d’influence. Dans la période pré-industrielle, les femmes ont travaillé très dur dans le cadre de la cellule familiale. Si elles n’étaient pas mariées elles étaient domestiques, servantes de ferme, apprenties. Si elles avaient un mari, elles l’aidaient, qu’il soit fermier ou artisan. Dans les sociétés agricoles, ellesaccomplissaient – et accomplissent encore – près de la moitié du travail productif. Au 19ème siècle, sous le coup de l’industrialisation et de l’exode rural, 40% d’entre elles entrent à l’usine en temps qu’ouvrières. En 1911 le taux d’activité féminine est de 36%. Mais en 1962 on compte seulement 28% de femmes sur le marché du travail. Les femmes des classes moyennes redeviennent des ménagères à pleintemps. On est en plein culte de la femme au foyer. Ne pas être « obligée de travailler » apparaît comme un luxe aux bourgeoises et un impératif social à leurs époux. C’est au cours des 30 glorieuses, années de croissance et de consommation, que les filles commencent, en nombre, à faire des études poussées. Elles vont s’introduire en masse dans les entreprises à la fin des années 60, qui consacrentleur libération sexuelle (la pilule en 1967) et, en conséquence, la possibilité de choisir leur nombre d’enfants, ainsi que leur libération économique (elles n’ont plus besoin de l’autorisation de leur mari pour travailler depuis 1965).
Simultanément, l’appétit pour la consommation se traduit par l’ambition des ménages de cumuler deux salaires alors que le progrès de l’électro ménager diminueles tâches domestiques. Et, poussées par la vague de la tertiarisation de l’économie, les choses vont assez vite, en comparaison avec les siècles d’immobilisme. Aujourd’hui, les femmes composent 51,8% de la population active. Le taux d’activité des femmes de 29 ans à 45 ans est passé de 58 à 90,5% entre 1975 et 2011. 30% des cadres sont des femmes (taux de progression de 100 depuis 1990).
1)La mixité dans l’entreprise : source d’innovation
Pour des raisons essentiellement démographiques (le papy boom et le baby gap), les femmes entrent dans des bastions classiquement masculins comme l’automobile, le BTP, les transports… Mais cela a le mérite de prouver qu’elles y réussissent aussi bien que les hommes, sinon mieux. D’après les premières observations, elles améliorent le climat etont des taux d’absentéisme inférieurs à ceux de leurs collègues masculins. Reste qu’elles sont encore largement majoritaires dans les secteurs traditionnellement féminins. On trouve effectivement une majorité de femmes dans la santé ,le travail social et l’éducation.
En ce qui concerne la création d’entreprise, 84 % des créations d’entreprises effectuées par des femmes le sont dans le secteurtertiaire. On les retrouve ainsi dans le commerce (38 % des créations), dans l’hôtellerie (13 %) et dans les services aux entreprises et aux ménages ( 33 %). Et ce n’est pas un hasard si le tertiaire est leur domaine de prédilection.
Leurs pratiques et leurs expériences sont différentes de celles des hommes et la dimension relationnelle prend une place plus importante. Elles se révèlent souvent…