Les intellectuels

Les intellectuels

Les grandes catégories d’analyse des intellectuels

Le terme d’intellectuel né en France avec l’affaire Dreyfus (1894) au moment de la signature d’un manifeste de soutien à Dreyfus dans lequel les signataires engagent leur statut social. Le nom est suivi de la profession et du grade. Les anti-dreyfusards vont pasticher ce manifeste, Maurice Barrès va qualifier ce manifestede « manifeste des intellectuels ». Au départ, le recours à cette catégorie est péjoratif ; puis on assiste à un retournement du stigmate, les signataires revendiquent l’appellation d’intellectuel et la possibilité pour les savants d’intervenir dans l’espace public. C’est à partir du procès Zola en 1898 que la catégorie d’intellectuels devient une catégorie sociale constituée. Mais J. Le Goff,dans son ouvrage « les intellectuels au Moyen Age », montre que les intellectuels existaient avant que le terme ne soit créé.
Une modalité spécifique de l’intervention intellectuelle née aussi, c’est celle qu’incarne Emile Zola, que l’on regroupe en sociologie dans la catégorie d’ « intellectuel universel ». Zola met en jeu sa notoriété au nom de catégorie universelle ; ce qui caractérise cettecatégorie d’intellectuels est que les intellectuels intègrent cette catégorie au nom de valeurs autour d’un problème. Ex : La « lettre au président de la république » de Zola publiée dans le journal l’Aurore dont le directeur était Clémenceau, sous le titre « J’accuse ».
La catégorie d’intellectuel universel est un modèle central jusqu’au milieu des années 70, puisqu’il définit l’ensemble desinterventions savantes au nom des valeurs universelles.

Autre grande figure de l’intellectuel universel : Jean Paul Sartre, qui va théoriser dans un ouvrage intitulé « Plaidoyer pour les intellectuels » ce qu’est l’intellectuel universel : « L’intellectuel est celui qui s’occupe de ce qui ne le regarde pas. » On a une disjonction entre le principe de compétence et le principe d’intervention. Leproblème de cette posture de l’intellectuel universel est qu’elle est une posture surplombante. L’intellectuel parce qu’il se prononce sur des valeurs universelles dit à la société ce qui est juste ou non, ce qui relève de l’égalité ou non.
Problème : au nom de quoi un intellectuel peut dire au peuple ce qu’il doit faire ?

A travers les évènements de mai 68, non prévu par la majorité desintellectuels, ces derniers se sont vus débordés. On se rend compte que les forces sociales n’ont nouvellement besoin des intellectuels pour se mobiliser au nom de valeurs universelles.

Michel Foucault pense qu’il faut passer à une intervention fondée non pas sur l’appréciation des valeurs universelles qu’ont les intellectuels mais fondée sur les compétences de savants. En 1976, dans un article intitulé« l’intellectuel spécifique », Foucault dit que les intellectuels doivent intervenir au nom de leurs compétences spécifiques. L’intellectuel a une légitimité à intervenir dans l’espace public dès lors que les problèmes sur lesquels il intervient relève de sa compétence (rapprochement entre l’intellectuel et l’expert).

Il ne se dessine pas un mode d’interventions intellectuelles prioritaires :
Ex :Foucault est un intellectuel spécifique quand il fonde le groupe d’intervention sur les prisons grâce à ses travaux sur la sociologie de l’enfermement ; mais il est intellectuel universel lorsqu’il prend position dans la presse sur la situation iranienne.
Ex : Bourdieu est un intellectuel spécifique lorsqu’il intervient auprès des ouvriers mais, il est intellectuel universel quand il se mêle aumouvement alter mondialiste.

La question centrale est la suivante : « qui parle ? » l’intellectuel universel ou spécifique.
De plus avec le développement massif des nouvelles technologies de l’information et de la communication, ces intellectuels sont aussi devenus des intellectuels médiatiques. Or le fait de ne pas spécifier qui parle contribue à brouiller la réception auprès de…