Au plan économique, la mise en valeur des nouvelles colonies n’a connu son essor que dans la deuxième moitié du XVII è siècle.
Auparavant les colons étaient peu attirés par les territoires qu’ilfallait défricher et planter en culture vivrières pour survivre. Durant le court cycle du tabac, culture pionnière peu exigeante en capitaux et en main d’œuvre, les îles s’accommodent du système desengagés recrutés dans les ports européens.
Ce sont les Hollandais qui donnent l’impulsion décisive à partir de 1655. Chassés du Brésil pour des motifs religieux, des juifs hollandais introduisent auxAntilles et en Guyane française leurs esclaves et leur savoir-faire en matière de fabrication du sucre.
Avec la découverte du procédé de fabrication du sucre, tout change en quelques décennies. Lesucre est à l’époque, le plus rémunérateur de tous les produits d’exportation. Sa production excite toutes les convoitises. Les riches colons, les flibustiers enrichis et même les ordres religieux,appâtés par l’espoir d’énormes profits, se lancent dans l’aventure et construisent des habitations sucrières à tour de bras. Plus d’une centaine en moins de 30 ans (1660-1690).
L’investissement est lourd.L’habitation sucrière ne se contente pas d’exploiter de vastes champs de canne, c’est aussi un véritable établissement pré-industriel, très en avance sur son temps. La canne, une fois coupée, nesupportant pas le transport, tout le processus de production doit être réalisé sur place. Les moulins pour extraire le jus, les chaudières pour cristalliser le sucre, les bâtiments annexes, sont construitsau cœur même de la propriété.
Les habitations qui dominent l’économie martiniquaise des XVII et XVIIIème siècles (500 vers 1750) disparaissent ou se reconvertissent au milieu du XIXème à la suite del’effondrement des cours du sucre et de l’abolition de l’esclavage (1848). A cette époque, le sucre extrait de la betterave produit en Europe concurrence sérieusement un sucre martiniquais dont…