L’image de la femme dans les contes

La question identitaire
L’une des particularités du langage de la jeunesse qui attire aussi l’attention est, outre sa créativité proprement linguistique, sa fortedimension sociale. Sur ce point, deux aspects méritent d’être mentionnés : d’abord, ces pratiques proviennent de locuteurs appartenant à des groupes défavorisés et marginaliséspar la société. Elles constituent donc une forme de révolte contre une langue dite  » officielle « , perçue comme un instrument de domination. Ensuite, comme le faitremarquer Jean-Pierre Goudaillier, auteur de COMMENT TU TCHACHES. DICTIONNAIRE CONTEMPORAIN DES CITÉS (Maisonneuve et Larose), l’un des éléments les plus étonnants de cephénomène est la mixité langagière issue des cultures très variées. Il s’agit d’un véritable mosaïque, qui émerge d’un croisement entre la langue circulante standard, des variationsargotiques et populaires qui la composent et d’un ensemble de variations connectées aux langues parlées dans les cités françaises : arabe maghrébin, berbère, languesafricaines et asiatiques, langues du type tsigane, créoles des départements d’outre mer, sans oublier l’appropriation des mots anglo-américains. Ces formes langagièrescontenant des origines et des traits culturels divers fonctionnent comme des marqueurs identitaires : elles correspondent au français d’une génération qui ne se reconnaît pasentièrement dans la langue de ses parents immigrants, mais qui ne se sent pas non plus bien intégrée au monde hexagonal. Au-delà de la représentation médiatique du langage debanlieue centré sur la violence, la drogue et le sexe, cette pratique révèle un grand potentiel d’invention lexical et préfigure les usages du français de demain.