L’innovation

EXISTE-T-IL UN MILIEU INNOVATEUR DANS L’INDUSTRIE DU SPORT ?

Si l’industrie du sport connaît ces dernières décennies une « prospérité » économique exponentielle avec un nombre croissant d’entreprises nouvellement créées, il est intéressant de savoir si cette embellie est due à l’activité intrinsèque des firmes déjà en place, ou bien, au contraire, à un entrepreneuriat particulièrement actif dansla filière [1]. Existe-t-il alors un milieu innovateur spécifique, et dans l’affirmative, peut-on caractériser des formes types de relations entre la recherche (essentiellement publique) et l’industrie.
En prélude à notre réflexion, nous partirons de l’hypothèse que l’existence d’un milieu innovateur propre à cette filière est non seulement loin d’être vérifiée mais, qu’en plus, elle ne seraitqu’une illusion. Par milieu innovateur, nous entendons des flux de connaissances et de savoir-faire suffisamment importants pour appuyer, de manière systématique, à la fois l’innovation sous tous ses aspects [2], l’entrepreneuriat (création et reprise), l’emploi et la richesse économique tant au niveau local (périmètre géographique restreint) que national. En outre, ce milieu doit être capable derallier tous les acteurs (centres de recherches scientifiques et universitaires publics, organismes de promotion à l’innovation, technopoles et incubateurs, départements R&D des firmes…) qui fait du progrès, une ressource essentielle dans la naissance de nouvelles activités, de nouvelles entreprises.
Si l’on s’en tient rigoureusement à cette définition, et plus précisément sur l’existence d’uneproximité géographique entre les différents acteurs et partenaires de l’innovation, il peut difficilement y avoir de milieu innovateur dans l’industrie du sport. En France, sauf dans deux ou trois segments de marché, il n’existe pas de lieu géographique qui concentre plus de compétences scientifiques et productives qu’ailleurs. Nous ne pouvons donc pas prendre le facteur proximité entre les acteurstechnologiques de la filière comme hypothèse de base. Certes il peut exister des relations inter-acteurs entre recherche, innovations et firmes (technopoles, incuba-teurs…) mais pratiquement jamais à l’échelon local, unique-ment à l’échelon régional. C’est le cas, par exemple, de la région Rhône-Alpes avec le segment des sports de glisse sur neige, et la région Landes/Pays Basques avec le segmentdes activités liées à l’industrie du surf. Dans ces deux exemples, la science (dépendant pour beaucoup de l’activité des labo-ratoires des Ecoles d’ingénieurs) et l’industrie (dépendant pour beaucoup des PME/PMI, rarement des TPE) peuvent être considérées comme deux maillons essentiels dans cha-cun de leur milieu innovateur respectif, mais pas dans le sens de leur acceptation standard. D’emblée cequi apparaît com-me une vérité dans de nombreuses filières, ne l’est pas forcément ici.
Des programmes de valorisation scientifiques et technolo-giques liant les différents acteurs de la filière existent cepen-dant. Mais ils ne sont que faiblement impliqués dans les processus d’innovation et a fortiori dans la création d’entre-prise. L’hypothèse que nous avançons est qu’il n’est pas for-cémentnécessaire d’avoir un milieu innovateur pour qu’une filière industrielle prospère. Et dans ce sens, le marché des sports est certainement atypique. Par contre, il ne l’est pas du tout dans ses résultats et débouchés puisqu’il est bien à l’origine d’une réalité sociale (emplois directs et indirects très nombreux), marchande (importance des activités de négoce et de commercialisation) et industrielle(nombre des firmes et des produits manufacturés, importance des applications dédiées dans une technologique donnée comme par exemple celle relative aux matériaux composites).
Est-ce que l’entrepreneuriat, le progrès technologique et la prospérité d’une filière peuvent être réels sans entretenir des relations systématiques (ententes, partenariats…) et privilé-giées entre science, recherche et…