Les devenirs du « modèle républicain »
Si, en France, selon le mot d’Adolphe Thiers, la République a pu être considérée dans le dernier quart du XIXe siècle comme « le régime qui nous divise lemoins », elle fait désormais l’objet d’un assentiment quasi unanime. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, son acceptation a cessé en effet de représenter un critère discriminant entre lesfamilles politiques, son incarnation à travers des institutions respectueuses du suffrage universel suscitant par ailleurs un autre consensus dans les dernières décennies du XXe siècle.
Alors donc quedepuis plus de cent trente années – à l’exception de quatre « années noires » -, la République constitue notre forme de gouvernement, cette livraison des Cahiers français propose, avec des contributionsd’historiens, de philosophes et de sociologues, une réflexion sur le modèle républicain et ses accomplissements. Au-delà des images d’Épinal et des photographies couleur sépia illustrant la «République des Jules », celle des banquets et des discours sur des estrades pavoisées surplombées de l’effigie de Marianne, les grandes « valeurs républicaines » conservent, à l’évidence, une significationtrès riche et une pleine actualité comme l’atteste la récurrence des références qui y sont faites par les principaux candidats à l’élection présidentielle du printemps 2007.
Après deux articles qui,pour l’un, questionne la pertinence d’une référence au « modèle républicain français » et, pour l’autre, montre les recompositions de la culture républicaine des années 1880 à nos jours, la premièrepartie du numéro s’attache à préciser ce que recouvre l’idée de République, ce qui la fonde et la distingue, ce qui rend également sa réalisation possible.
La notion de citoyenneté est ici cardinale,qui pose que le souverain n’est autre que le peuple, que c’est lui qui élabore la loi, que l’agrégation des individus en une communauté politique permet de convertir la diversité des volontés…