Montaigne

Analyse :

La thèse
Dans l’extrait du chapitre 31 des Essais, intitulé «des cannibales », Montaigne formule très explicitement sa thèse: il refuse de considérer lesindiens cannibales comme des barbares et des sauvages. Mais le jugement qui dénonce la barbarie de l’autre n’est que la projection des opinions et de la culture danslaquelle nous vivons. L’appellation « barbare » ne dit rien d’autrui. Elle ne fait que traduire notre intolérance. Il annonce une démarche argumentative personnelle; «je trouve mon propos » et les arguments qui tentent de convaincre fondent une réflexion sur l’emploi des mots, « chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ».Ailleurs il nous précise « ils sont sauvages de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de soi et de son progrès ordinaire, a produits ». Le penseurdénonce l’ethnocentrisme,la croyance que le peuple dont nous faisons partie possède la vérité. Montaigne vide ensuite le terme « sauvage » de sa signification négative pourlui désigner positivement une proximité avec la nature. Les fruits sauvages sont riches de vertus que les fruits cultivés ont perdues; par analogie on peut supposerque les vertus des peuples sauvages sont restés intacts. La civilisation apparaît comme un processus de dégénérescence, comme un éloignement par rapport aux vertusnaturelles. Ainsi, l’exemple du fruit débouche sur une généralisation, nous avons ici une supériorité de la nature sur la culture. La légitimité de la culture est donc remiseen question. La barbarie devient le signe d’une plus grande proximité de l’homme avec la nature;Les barbares sont moins corrompus que nous.

Les enjeux de la thèse