Montesquieu

Texte par : Georges Dumesnil
Montesquieu et l’education
Montesquieu ne s’est guère occupé des problèmes de l’éducation. Toutefois il leur a consacré quelques chapitres de l’Esprit des lois, dontle livre IV porte ce titre : « Que les lois de l’éducation doivent être relatives au principe du gouvernement ». Inutile d’insister sur la justesse de cette idée, qui n’est pas particulière aMontesquieu.
Dans les chapitres précédents, il a réduit toutes les formes possibles de gouvernement à trois, le monarchique, le despotique et le républicain, auxquels il a assigne respectivement troisprincipes, l’honneur, la crainte et la vertu : l’éducation, dans chacun de ces gouvernements, devra avoir pour but d’inculquer dans l’âme des jeunes gens un de ces trois principes.
Dans ungouvernement monarchique, Montesquieu pense que « ce n’est point dans les maisons publiques où l’on instruit l’enfance que l’on reçoit la première éducation ; c’est lorsque l’on entre dans le monde quel’éducation en quelque façon commence. Là est l’école de ce que l’on appelle honneur, ce maître universel qui doit partout nous conduire. » Déclarer que l’éducation commence où l’enfance finit, c’est direqu’il n’est pas ici question de pédagogie.
Dans l’état despotique, l’éducation cherchera à « abaisser le coeur », elle sera « servile ». — « L’extrême obéissance suppose de l’ignorance dans celui quiobéit ; elle en suppose même dans celui qui commande. Dans tous les Etats despotiques, chaque maison est un empire séparé. L’éducation, qui consiste principalement à vivre avec les autres, y estdonc très ornée ; elle se réduit à mettre la crainte dans le coeur et à donner à l’esprit quelques principes de religion fort simples. Le savoir y sera dangereux, l’émulation funeste. L’éducation y estdonc en quelque façon nulle. »
« C’est dans le gouvernement républicain, ajoute Montesquieu, que l’on a besoin de toute la puissance de l’éducation. La vertu politique (qui est le principe de ce…