*A new york*, poeme tiré du recueil ethiopique de sanghor(auteur du 20eme siecle né au senegal)
New York ! D’abord j’ai été confondu par ta beauté, ces grandes filles d’or aux jambes longues.Si timide d’abord devant tes yeux de métal bleu, ton sourire de givre
Si timide. Et l’angoisse au fond des rues à gratte-ciel
(…)
Les gratte-ciel qui défient les cyclones sur leursmuscles d’acier et leur peau patinée de pierres.
Mais quinze jours sur les trottoirs chauves de Manhattan
– C’est au bout de la troisième semaine que vous saisit la fièvre en un bond de jaguarQuinze jours sans un puits nu pâturage, tous les oiseaux de l’air
Tombant soudain et morts sous les hautes cendres des terrasses.
Pas un rire d’enfant en fleur, sa main dans ma main fraîche.
Pasun sein maternel, des jambes de nylon. Des jambes et des seins sans sueur ni odeur.
Pas un mot tendre en l’absence de lèvres, rien que des cœurs artificiels payés en monnaie forte.
Et pas unlivre où lire la sagesse. La palette du peintre fleurit des cristaux de corail.
Nuits d’insomnie ô nuits de Manhattan ! si agités de feux follets, tandis que les klaxons hurlent des heures vides.Et que les eaux obscures charrient des amours hygiéniques, tels des fleuves en crue des cadavres d’enfants.
Voici le temps des signes et des comptes
New York ! or voici le temps de la manneet de l’hysope.
(…)
New York ! je dis New York, laisse affluer le sang noir dans ton sang
Qu’il dérouille tes articulations d’acier, comme une huile de vie
Qu’il donne à tes ponts lacourbe des croupes et la souplesse des lianes.
Voici revenir les temps très anciens, l’unité retrouvée la réconciliation du Lion du Taureau et de l’Arbre
L’idée liée à l’acte l’oreille au cœur lesigne au sens.
Voilà tes fleuves bruissants de caïmans musqués et de lamantins aux yeux de mirage. Et nul besoin d’inventer les Sirènes.
Mais il suffit d’ouvrir les yeux à l’arc-en-ciel d’Avril