« Nos difficultés d’engagement, courage et respect humain »
La première des choses que j’entends, quand je parle d’engagement, est que nous devons nous consacrer à notre devoir d’état. Et c’est vrai. Car c’est déjà un engagement, quel que soit cet état. Simplement, ce devoir d’état ne doit pas être un obstacle derrière lequel se retrancher, par lâcheté. Un devoir d’état de parent imposenaturellement de s’occuper de ses enfants. Tout comme un devoir d’état de chrétien impose de tout mettre en œuvre pour que les principes du Christ et la doctrine sociale de l’Eglise soient appliqués dans sa société. Ces deux exemples ne sont pas incompatibles : à quel avenir sommes-nous en train de confronter nos enfants que nous éduquons pourtant ?
Ne sommes-nous pas plutôt préoccupés de notreconfort, de l’image « obscurantiste » que nous renvoyons autour de nous au travail, … ? Le Christ était-il préoccupé par cela quand il a laissé, lui le Fils de Dieu, Lui-même Dieu, les hommes le clouer sur le bois de nos pêchés ? Je ne crois pas. Le Christ n’a pas eu peur de s’engager, de causer une grande douleur à sa Mère. Notre faiblesse nous empêche aujourd’hui cet engagement dont notre sociétémoribonde a plus que jamais besoin. Nous ne sommes pas du monde, mais dans le monde ! Et comme un phare, une balise pour nos frères égarés, ou séparés. Richelieu disait que les chrétiens doivent prêcher par « le bon exemple et la bonne vie », rien de moins. Un axiome péjoratif militaire nous apprend encore que « qui peut le plus, peu le plus !». Et aussi le pape Félix III (1892) : « c’est étouffer lavérité que de ne pas la défendre… ». Si aujourd’hui nous ne nous engageons pas, il faut se préparer demain au martyr, que le Christ ne nous autorise pas à refuser. Personnellement, je n’aimerais pas une mort violente. Alors aujourd’hui, j’essaye de tout mettre en œuvre pour que notre société ne martyrise pas les chrétiens. C’est un combat quotidien contre soi-même d’abord, puis contre lesattaques médiatiques, comme celles que subit notre pape Benoît XVI, ou encore le rétablissement de contre-vérité que nos contemporains tiennent pour dogmes irrévocables, notre histoire et notre culture qu’on veut nous faire oublier. C’est aussi le combat pour la vie, pour l’Eglise, pour la loi naturelle et la loi de Dieu.
Ces combats ont bien sûr un coût, nécessitent des sacrifices. Après une journée detravail, s’être occupé de sa famille, il faut prendre sur le temps libre pour mener un projet chrétien. Et la paresse guette. La tiédeur aussi. N’oublions pas l’inconstance : à vouloir faire trop bien, on en fait trop et mal. Et puis sur quel engagement se concentrer ? Il y aujourd’hui trop d’attaques, omnidirectionnelles. Nous ne pouvons pas mener tout de front, car hélas nous ne sommes plusassez nombreux. Première chose à faire pour un laïc : une famille nombreuse ! Dans laquelle il faut mettre le Christ et notre culture au premier plan. Il faut donc mener une chose après l’autre. La situation actuelle est l’aboutissement de nombreuses décennies de mensonges, de calomnies et d’idéologies mortifères. Quand nous serons de nouveau assez nombreux, nous pourrons nous permettre desélectionner un engagement, pendant que d’autres se concentrerons sur un autre.
Des associations existent pourtant. Oui, elles nous demandent sans cesse une participation financière, oui nous ne pouvons pas toujours la leur fournir sans nous mettre en difficulté. Mais nous pouvons donner notre temps. Le chrétien ne peut pas agir seul. Les principes enseignés par notre Seigneur nous demandent d’agir engroupe, par charité, car c’est ça « l’Eglise » : une communauté. Les membres de cette communauté se distinguent, hélas, par leurs différences. C’est ce que nous vivons et qui profite aux ennemis de la Foi et de notre culture. Pourtant, le Christ nous fédère. Nous devons dépasser ces différences et retrouver une unité d’action. J’ai vu à Versailles les membres des deux tendances de la Tradition…