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Lorsque le Père Goriot arriva dans la demeure de ses filles, il les vit seules. C’est alors qu’il se souvint du jour où elles l’avaient convié à venir leur rendre visite. « Papa, nousaimerions vous voir ce vendredi, M. de Restaud et M. de Nucingen ne seront point là, nous pourrons discuter tranquillement. »
Le Père Goriot ne fit donc aucun commentaire et alla prendre place sur ledivan qui se situait en face de ses filles.
Mme de Restaud, l’ainée, portait une longue robe bleue parsemée de quelques fleurs grisées. Elle se tenait debout, appuyée contre une belle antiquité. D’unefaçon un peu gênée, elle commença:
« Bonjour Père, allez vous bien ?
– Disons que j’ai connu mieux, comme pire. Où est ta soeur ?
– Jeanne devrait nous rejoindre d’ici quelques minutes. Elle finitsa toilette. »
Durant les cinq minutes qui suivèrent, aucun son, aucun mouvement de langue, rien ne se fit entendre. Jeanne fit enfin son apparition.
« Papa, cela fait bien longtemps que nous nevous avions pas vu ! , s’exclama t-elle.
– Cela est une évidence ! Vous ne m’invitez jamais, ne prennez jamais le soin de me demander des nouvelles, ni n’importe quoi d’autre qui montrerait une légèremarque d’affection, répondit le père d’un ton très sec.
– Mais qu’avez vous donc ? Nous pourrions vous reprocher les mêmes choses ! , s’indigna l’ainée.
– Mathilde, laisse le donc… Il ne comprendpas, rétorqua la cadette en tentant d’apaiser l’ambiance.
– Qu’est ce que je ne comprends pas ? Que vous avez honte de moi ? Oh mais je comprends fort bien tout cela » , lança l’homme.
Mathilde etJeanne étaient attérées face aux paroles de leur père. Elles qui comptaient lui emprunter de l’argent, c’était bel et bien raté. Il reprit:
« Veuillez bien accepter mes excuses mes filles, ces mots mesont sortis de la même façon que l’eau coule dans un fleuve. Vous vous doutez bien que je ne les pense pas ! Reprenons notre discussion de manière plus joviale… Que me vaut cette gentille…