LE PARTENARIAT:
DU DISCOURS À L’ACTION
Guy PELLETIER
Université de Montréal
QUÉBEC
Introduction
C’est bien connu, nous sommes toujours quelque part en retard sur le temps ou les événements. Ainsi, nous achetons, aujourd’hui, un ordinateur en sachant fort bien qu’il est déjà dépassé. Il en est de même de l’évolution des idées. Au sein du monde effervescent de la gestion des écoles, engénéral nous savons bien faire ce que nous avons appris dans l’action, c’est-à-dire au sein d’une pratique professionnelle soutenue, mais nous sommes parfois fort dépendants des idées qui viennent » d’ailleurs » et qui ont souvent tendance à nous déqualifier à plusieurs égards. Il en est peut-être de même de la notion de partenariat. Dans le cadre de cet article, je vais aborder successivement ladéfinition de ce terme, certains aspects de sa traduction sous une forme opérationnelle et, enfin, les balises à considérer dans le cadre de la réalisation d’un projet de partenariat.
Du partenariat et des discours
D’entrée de jeu, signalons que la notion de partenariat a un champ sémantique flou et il peut, en conséquence, constituer une véritable boîte de Pandore. Autant il peut êtreporteur d’une réflexion stimulante et nous inviter à revoir nos pratiques, autant il peut nous mettre dans une situation de relative dépendance à l’égard des idées du type prêt-à-porter au salon de la dernière mode de la gestion. Dans une certaine mesure, est-ce qu’avec la qualité totale, la réingénierie des processus ou l’organisation apprenante nous ne sommes pas en présence d’un produit de commercedes consultants organisationnels toutes organisations confondues? Il y a certainement de cela mais il y a aussi une réalité nouvelle qui interpelle les systèmes éducatifs.
Ainsi, au cours des dernières années, la notion de partenariat se retrouve, sous des formes variées, au sein de presque tous les textes d’orientation en éducation publiés par les grands organismes internationaux note 1. À titred’exemple, le récent rapport intitulé L’éducation, un trésor est caché dedans de la Commission internationale sur l’éducation pour le vingt et unième siècle de l’UNESCO, présidée par Jacques Delors (1996), ne manque pas d’y faire allusion à plusieurs reprises.
S’il est une constance que l’on peut observer à l’égard de l’utilisation du terme de partenariat, c’est probablement sa dimensiond’ouverture sur l’environnement note 2. En effet, bien avant la mise en place d’une relation ou d’une quelconque opération, le discours sur le partenariat se révèle être davantage une invitation d’ouverture de l’établissement scolaire à son environnement. Si nous ne retenons pas ce sens, les discours sur le partenariat peuvent devenir un véritable cafouillis où personne ne s’y retrouve. Ainsi, au seind’un système éducatif fortement centralisé, on utilisera le terme de partenariat pour aborder une participation effective des parents à certaines décisions de l’établissement scolaire dont celles portant sur l’encadrement et le suivi des enfants. Or, cette acception n’a pas du tout le même sens dans les pays où la population locale ou régionale est beaucoup plus proche de la direction desorganisations scolaires. Au sein d’un canton helvétique ou d’une province canadienne, utiliser la notion de partenariat pour référer aux relations à établir avec les parents n’a pas le même sens qu’au sein d’un pays où, pour diverses raisons, le pilotage du système éducatif est très centralisé à l’échelle nationale et où les familles, voire même les communautés locales, sont peu invitées à participer auxquestions éducatives.
Dans un même esprit, au sein d’un système éducatif très hiérarchisé, la notion de partenariat peut être utilisée pour référer à une volonté d’une nouvelle répartition des pouvoirs et des collaborations entre agents à l’intérieur même du système. Cela peut concerner la place et la nature des prérogatives des directions régionales, des chefs d’établissement, des enseignants,…