Le détournement des musiques
Selon l’idéologie nazie, le peuple allemand était le « premier peuple musicien de la terre » et Wagner son héros et Bruckner, le pauvre et doux Bruckner, sonprophète. Pour ancrer leur théorie les nazis ont réécrits l’histoire et détournés la pensée musicale des compositeurs du passé.
Bach est utilisé, ainsi que Bruckner et surtout Beethoven,figure romantique par excellence, le surhomme prométhéen. Sa Neuvième Symphonie est l’œuvre de référence de l’Orchestre philharmonique de Berlin et de son directeur musical Wilhem Furtwängler.Liszt devient allemand et non plus hongrois. Wagner avec l’aide de sa famille est amplifié et donc exploité.
Felix Mendelssohn-Bartholdy, de part son origine juive (il était le petit-fils deMoses Mendelssohn, le grand penseur de l’Aufklärung juif), fut une des « victimes » préférées des théoriciens de l’antisémitisme musical malgré sa conversion au christianisme. Sa statue à Leipzig futdétruite, la rue qui portait son nom fut rebaptisée du nom d’Anton Bruckner, et enfin un grand concours fut organisé pour recomposer son Songe d’une nuit d’été dans une version aryenne. Ce futfinalement Carl Orff qui eut cet « honneur ».
Dès 1933, les programmes de musique classique à la radio sont contrôlés. Mendelssohn est pratiquement interdit de diffusion. Les Wagner etconsorts sont eux matraqués sans cesse en concert et à la radio, dans les défilés, dans les célébrations.
Musique dégénérée
Matin Brun
Lorsqu’ils sont venus chercher les communistes
Je me suistu, je n’étais pas communiste.
Lorsqu’ils sont venus chercher les syndicalistes
Je me suis tu, je n’étais pas syndicaliste.
Lorsqu’ils sont venus chercher les juifs
Je me suis tu, jen’étais pas juif.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester.
Martin Niemöller