Que désire-t-on?
Le désir est toujours désir de quelque chose. Ce quelque chose nous manque, que nous en ayons un besoin vital ou non. Ainsi, le désir pourrait se définir par la tension vers le « désirable », que celui-ci soit un objet ou une personne. De là, posséder ce désir conduirait à la satisfaction, à l’apaisement.
Prenons l’exemple d’un adolescent qui veut une moto sait-il exactementpourquoi il la veut? Est-ce vraiment la moto qu’il désire et ou plutôt une certaine fierté, une certaine assurance devant ses copains.
La difficulté est donc de savoir ce que l’on désire?
Cette question présuppose qu’il existe un unique désir ayant un unique objet. Or à première vue, il semble y avoir non pas un seul, mais une multitude de désirs ayant chacun un objet différent. Que désire-t-on? Tant de choses ! Un portable, un homme, une belle voiture, rêver, être aimé etc… Ces désirs font qu’une vie « vaut la peine d’être vécue ». Sans désirs, nous perdons le goût de vivre, nous sommes condamnés à l’ennui et la mort.
Nous pourrions aussi répondre que ce que l’on désire c’est-ce dont nous avons besoin et rien d’autre.
En effet, l’homme comme l’animal a des besoins: le besoin dedormir, de manger, de boire, de respirer ect… Ces besoins se manifestent sous la forme de sensations: ici, la fatigue, la faim, la soif et l’étouffement.
Il est indéniable que tout homme a besoin de se vêtir, d’un toit où se loger, de recevoir une éducation correcte etc… Ces besoins paraissent nécessaires pour que l’homme puisse vivre.
Toutefois, nous avons tendance à confondre les besoinsnécessaires et ceux qui ne le sont pas. Par exemple, le besoin de la télévision, du téléphone portable et de l’ordinateur qui sont en réalité des désirs. Il convient donc de distinguer le désir du besoin.Le besoin serait plus nécessaire et plus naturel que le désir qui lui relèverait du fantasme ainsi les besoins seraient les mêmes pour tous les hommes, tandis que les désirs seraient différents pour chacun.Nous pouvons donc nous demander comment définir le besoin par rapport au désir?
Prenons l’exemple d’un fumeur invétéré, il n’a pas seulement le désir de fumer, son corps s’est habitué à la nicotine et cette dépendance a fait de la cigarette un besoin qui s’il n’est pas assouvi provoque un état de grand stress chez le fumeur qui ressent un manque.
D’autre part, les hommes ne peuvent pas secontenter de satisfaire leur besoin. En effet, j’ai besoin d’un toit mais je désire plutôt un château qu’une cabane. Le château est désirable car il contribue à ma fierté, me donne de l’importance devant l’autre. Je suis à mon tour envié, désiré. Le rapport à autrui serait donc une autre manière de distinguer désir et besoin. Premièrement, tout désir naît d’un manque: nous ne désirons pas ce que nouspossédons déjà mais nous désirons ce qui nous manque. De ce manque résulte une envie, un désir qui naît dans la comparaison à l’autre. Par exemple, mon voisin roule en berline de luxe alors que moi je roule depuis des années je roule dans ma vieille charrette car je n’ai pas les moyens de changer de voiture.
Le véritable enjeu du désir n’est donc pas l’objet mais autrui, son désir et son plaisir: c’est-à-dire que nous ne désirons pas l’objet par besoin mais par jalousie et rivalité. Nous désirons donc ce qu’autrui désire pour ressembler à autrui. Mais pourquoi désirons-nous ressembler à autrui ? N’est-ce pas toujours, au fond, pour être reconnu, c’est-à-dire aimé, par nos proches et nos amis ? Le désir de ressembler à autrui relèverait donc du désir d’être aimé, désiré. Si nous désironsêtre désirés par autrui, dit Hegel, c’est que nous désirons qu’autrui nous reconnaisse comme une valeur. Le désir du désir de l’autre est donc fondamentalement un désir de reconnaissance. Là encore, ce désir de reconnaissance est omniprésent dans notre vie quotidienne la plus banale : les relations entre amis, entre élèves et professeurs, entre collègues, entre parents et enfants, entre…