3. Mais les exigences romanesques et les exigences scientifiques sont incompatibles :
A. Ecrire c’est forcément choisir, et choisir c’est trahir la réalité :a) Le choix des épisodes construit unsens
– Gervaise seule ? la foule des travailleurs qui passent sous ses fenêtres au début de l’œuvre : scène qui n’est pas innocente Þ fin de l’oeuvre (solitude au milieu de la foule)
– L’épisode dulavoir va expliquer la rancune de Virginie
– L’orage pendant la noce
– La fête de Gervaise placée au milieu du livre : ce n’est pas innocent non plus
– Le tournoi des boulons permet de faire jouer laGueule d’Or comme contrepoint (exception qui confirme la règle)
b) Le choix de la répétition permet de mettre en valeur un parcours soumis à une fatalité irréversible :
– Le ruisseau des eaux dela teinturerie : la variation de leur teinte soulignent le parcours de Gervaise (du rose tendre au noir le plus sombre)
– Les variations sur la vision de la cour de la grande maison : vue d’en bas etvue d’en haut
– Le thème de l’assommoir : récurrence de l’estaminet du père Colombe et association à la société qui « assomme » aussi
– Les multiples apparitions du père Bazouges annoncent aussi lamort
c) Zola choisit même parfois de trahir la réalité :
– Les abattoirs n’existent plus en 1850 : Zola les maintient pour la force du symbole (la mort de part et d’autre du boulevard en ouverturedu roman)
– Les abattoirs et l’hôpital : ces deux bornes ouvrent et ferment le roman pour montrer l’enfermement fatal dans un milieu mortifère
Zola construit un roman, ce qui implique des choixqui l’engagent et qui trahissent ses positions préalables plus qu’il ne veut l’admettre
B. La durée dans un roman n’est jamais constante, au contraire de la réalité :
a) Scènes et sommairestrahissent la réalité :
– Certains chapitres retracent un seul jour : moments-clés comme le départ de Lantier (chap.1), la noce (chap.3), la fête de Gervaise (chap.7) et l’errance solitaire de Gervaise…