1984 ! Un livre au titre évocateur qui, à sa publication en 1949, se révèle être manifestement un roman d’anticipation. Lorsque le lecteur d’aujourd’hui s’apprête à lire 1984 de George Orwell, il le débute non sans référents. Il a pu déjà en entendre parler, c’est d’ailleurs ce qui peut bien le pousser à le lire. Dans nos sociétés actuelles, notamment celle de la France, la surveillance de lapopulation est un sujet un tant soit peu sensible. Citons par exemple l’affaire Edvige qui a déclenché l’an dernier la polémique à propos de la proposition de catégoriser dans des fichiers les populations enclines à troubler l’ordre publique, ou encore l’installation de caméras de surveillance dans les villes dans le but de palier à l’insécurité. 1984, en qualité de livre d’autorité, est ainsiutilisé par bon nombre de défenseurs zélés qui rappellent la citation restée célèbre : « Big Brother is watching you ». Dès que l’on considère que l’Etat mène une surveillance propre à atteindre les libertés individuelles, on parle de méthodes « à la Big Brother », en clin d’oeil à l’entité qui gouverne le Parti dans l’univers orwellien de 1984. Ce sont les idées véhiculées en lutte contrel’assujettissement des populations dans le livre ainsi que la virtuosité de son auteur qui l’ont amené à être cité dans le magazine Times parmi les cents meilleurs romans et nouvelles de la littérature anglaise de 1923 à nos jours. 1984 est par là-même une pièce maîtresse de la littérature anglophone et in extenso, de la littérature étrangère. George Orwell est un auteur assez difficile à classifier, et cela serend son oeuvre d’autant plus riche. Est-ce un « simple » écrivain ou plutôt un philosophe ? À dire vrai, le monde philosophique a longtemps rejeté pour ainsi dire sa qualité de philosophe ainsi que pour Albert Camus qu’Orwell avait rencontré et chez qui on retrouve des combats communs. Ces deux auteurs étaient en effet jugés êtres des auteurs pas sérieux dont les idées étaient trop simples,accessibles sans aucune difficulté au commun des mortels. À cette injustice, des voix se sont élevées pour réhabiliter ces auteurs. Simon Leys, avec son Orwell ou L’horreur de la politique publié justement en 1984, a joué un rôle essentiel pour accorder l’importance qu’il se devait à l’auteur. Il y explique en effet qu’il est un devoir de lire 1984 puisqu’il évoque des thèmes qui nous conserve touteset tous – rappelons qu’à cette époque le mur de Berlin sépare encore la bloc communiste de l’Occident. Si le livre est très lu dans l’ensemble des États du Commonwealth, il n’en demeure pas moins pourtant assez méconnu dans un pays comme la France. En effet, peu nombreuses sont finalement les personnes à se targuer d’avoir effectué la lecture de 1984. Dans un pays qui a subi aux premières logesles abus du totalitarisme, la lecture méthodique devrait être faite par la majorité des jeunes notamment qui sont les générations montantes capables de poursuivre la lutte contre les tyrannies qui existent toujours comme en Corée du Nord.1984 revêt par ailleurs une double importance, c’est un livre qui met en valeur le talent de son écrivain mais aussi des thèmes qui ont marqué l’histoire – toutparticulièrement le XX° siècle -, et qui sont pour autant toujours d’actualité ainsi que nous venons de le montrer. Lorsque Orwell se lance véritablement dans la production littéraire, c’est-à-dire vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, il se trouve dans la capacité de témoigner des totalitarismes. Il a assisté aux Première et Seconde Guerre mondiales mais aussi aux régimes nazi et soviétique etil a de plus participé à la Guerre d’Espagne en tant que républicain. Ainsi, bien que le fond de l’histoire ne soit pas d’un grande réjouissance, le lecteur prend néanmoins plaisir à se plonger dans l’univers du totalitarisme qui s’ouvre à lui qui ressemble en bien des égards à la vérité historique. C’est un livre qui rappelle l’atrocité de la vie sous un régime très autoritaire et incite le…