Qu’est ce que prendre conscience ?

Lorsque l’on évoque la conscience, on distingue généralement la conscience première ou spontanée qui se définit par une impression immédiate (plus ou moins lucide) qu’a l’esprit de ses états. D’autre part, on parle de conscience réfléchie en référence à la capacité proprement humaine de se retourner sur cette première impression. La conscience réfléchie permet l’analyse et le jugement. Par elle,l’homme se constitue comme un sujet distinct de ses états psychiques. Par cette possibilité de réfléchir, la conscience est donc toujours conscience de soi en même temps que conscience de quelque chose. Enfin, la conscience morale est la conscience du Bien et du Mal, il s’agit d’une capacité de porter des jugements normatifs de comparer ce qui est et ce qui doit être. Cette conscience morale nousdicte nos devoirs et nous fait éprouver remords ou contentement quant à nos actes antécédents. Elle nous donne notre part d’humanité qui nous distingue du règne animal. Puisque la conscience appartient à un être, on peut se demander ce qu’est un être doué de conscience. Etre doué de conscience, c’est se savoir exister au monde. Etre doué de conscience, c’est être sujet. Plus exactement : l’êtrequi d’une part se sait exister et qui d’autre part sait qu’il existe autour de lui un monde indépendant de lui, est un sujet. Il est sujet autant par le rapport à lui même que part le rapport au monde. L’être doué de conscience existe doublement : en lui-même comme une chose et pour lui même en cela qui se sait exister. Au lieu d’exister et de l’ignorer, l’être doué de conscience existe et le sait.C’est ce qui le distingue des êtres qui ne sont pas doués de conscience, comme les choses, ainsi que de ceux qui ne sont capables que de se sentir exister, comme les animaux.Mais dans l’expression prendre conscience, on trouve l’idée d’une conscience qui prend possession du monde. Mais comment ce monde, dont j’ai une conscience partielle et faussée peut-il dans le même temps être parfaitementsaisi par ma conscience elle même, comme s’il n’en était qu’une amplification, une extension ? Nous verrons d’abord l’ouverture de l’esprit du sujet par la prise de conscience, puis son inclusion au monde qui en résulte et enfin sa capacité d’interprétation vis à vis de ce monde qui l’entoure.

D’abord, la prise de conscience permet une ouverture généralisée du sujet. Cette prise de conscienceconcerne le soi et le monde extérieur. La prise de conscience est une analyse des perceptions brutes, spontanées. C’est le résultat d’une action qui sépare, met à distance par exemple un comportement. Ce comportement peut alors nous paraître précipité, ou même ridicule. Dans ces conditions, nous le refusons, ce n’est plus nous, nous ne recommencerons pas. La prise de conscience permet d’affiner uneperception antécédente, produite par la conscience spontanée, cela nous permet d’accéder à la pensée : on énonce, on met des mots sur notre conscience première, irréfléchie. La pensée nous offre une porte de sortie par rapport au vécu brut, comme un regard extérieur sur nous même. il s’agit d’une ouverture du pouvoir d’analyse possible par rapport à un acte, une perception ou encore un sentiment. Parla prise de conscience, on sort de l’automatisme qui se déroule en dehors de la pensée. L’agissement automatique est réducteur de nos capacités et le fait de prendre conscience nous éveille à la réflexion mais aussi au sens des choses. On pose des mots, ces derniers permettent de donner du sens à notre conscience première. On peut penser aux mots d’amour, lorsqu’ils sont trop souvent répétés parautomatisme, il perdent leur sens premier et leur saveur jusqu’à devenir banalités. Les mots qui par contre, sont pesés et utilisés à bon escient, gardent leur valeur. Ils sont dits par un sujet qui a pris conscience et garde à l’esprit la valeur et le sens des mots. Pouvoir énoncer ce qu’avait perçu notre conscience première, permet de donner de la valeur aux mots, aux actes et de nous…