Rédaction d’un mémoire pro

Le mémoire professionnel : proje t, acte et action
1. Quelques remarques préliminaires
1.1. Le mémoire professionnel s’inscrit dans un double contexte
Le mémoire professionnel s’inscrit dans un double contexte. Ce double contexte est celui de
l’entreprise et celui de l’université. L’activité que déploie le stagiaire se partage en une activité
d’apprentissage « fondamental » (on pourrait dire »théorique ») et une activité d’apprentissage
« professionnel ».
Les lieux, les circonstances et le temps de ces activités sont variables. Il convient de bien les
définir et donc de préciser dans le mémoire les différents aspects, spatial, circonstanciel et
temporel, et donc de répondre aux questions « où ? », « dans quelles circonstances ? », « quand ? ».
On retrouvera l’aspect temporel dans leparagraphe suivant.
1.2. Le mémoire professionnel s’inscrit dans un projet
Ce projet constitue une action au sens de Paul Ricoeur et d’ailleurs aussi au sens de Gérard
Mendel (L’acte est une aventure) qui sépare « action » et « acte » comme nous le verrons
ultérieurement, alors que P. Ricoeur, emploie, lui, « acte » et « action » comme synonymes.
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Même si le projet porte sur un domaine technique,l’action associée est une action humaine ;
les remarques de P. Ricoeur sur l’action sont très pertinentes et montrent en particulier que
l’action porte sur un système clos, ce qui implique un état initial dont la description est très
importante et qui constitue donc un élément essentiel du mémoire. Qui dit projet dit
déroulement à partir de l’état initial vers un état final, on retrouve ici l’aspecttemporel mais
centré principalement sur l’activité professionnelle. on voit apparaître le contenu technique du
mémoire, puisqu’il est défini par l’objectif de projet.
Il est intéressant de noter que P. Ricoeur insiste sur la similitude que la notion de système clos
induit entre « cause » pour l’évolution des systèmes naturels et « motif » ou « raison » pour l’action
humaine, ce qui est une manièrede dépasser ce que E. Anscombe (cité par P. Ricoeur) appelle
l’opposition des « jeux de langage ». P. Ricoeur écrit pour caractériser cette opposition (p 189) :
« Dans un cas je demande une cause, dans l’autre une raison. E. Anscombe a fortement opposé
les deux jeux de langage, dans l’emploi des mots « why » et « because of ». Dans l’un je suis dans
l’ordre de la causalité, dans l’autre, dans celuide la motivation. »
1.3. Le mémoire professionnel est un « texte »
Cette affirmation paraît évidente mais elle signifie quelque chose de très précis : le mémoire
professionnel doit se suffire à lui-même ; il peut être jugé en dehors de toute « soutenance
orale », c’est-à-dire en dehors de tout dialogue avec les tuteurs, les membres du jury…
Les remarques de P. Ricoeur au sujet du texte sont trèséclairantes lorsqu’il discute des
rapports dialectiques entre compréhension et explication. P. Ricoeur écrit (p 184) : « La
compréhension appelle l’explication dès que n’existe plus la situation de dialogue où le jeu des
questions et des réponses permet de vérifier l’interprétation en situation au fur et à mesure de
son déroulement. Dans la situation simple du dialogue, expliquer et comprendre serecouvrent
à peu près. Quand je ne comprends pas spontanément, je vous demande une explication ;
l’explication que vous me donnez me permet de mieux comprendre. L’explication n’est ici
qu’une compréhension développée par questions et réponses. Il en va tout autrement avec des
oeuvres écrites qui ont rompu leur lien initial avec l’intention de l’auteur, avec l’auditoire
primitif et avec lasituation commune aux interlocuteurs. L’autonomie sémantique du discours
écrit – (il faut se référer à la définition du texte donnée par P. Ricoeur : « Appelons texte tout
discours pensé pour l’écriture », p 154) constitue, comme l’avait d’ailleurs vu Dilthey, une des
conditions les plus fondamentales d’objectivisation du discours. ; plus loin (p 185) : « … c’est
le discours qui appelle ce…