Tout d’abord, dans la scène 2, le triomphe de Ruy Blas se démontre par sa victoire politique. Après plusieurs mois, il réussit enfin à obtenir une position respectable : il est à la tête du conseil des ministres. Il découvre que les autres ministres volent de l’argent au pays, les réprimande, les convint de démissionner et de partir. Il est si important parmi tous ses compagnons qu’il occupe unsiège à la droite de celui du roi : «Ruy Blas s’assied à la table sur une chaise à dossier placée à droite du fauteuil royal» (didascalie p 134). Ce détail nous révèle que Ruy Blas est l’équivalent du bras droit du roi et qu’il est occupe donc une place très importante. Il a de l’autorité et n’a pas peur de s’en servir. Il donne des ordres aux ministres qui quittent et parle d’un ton autoritaireaux autres : «Quiconque ne veut pas marcher dans mon chemin peut suivre ces messieurs» (vers 1164-1656) Il leur annonce que s’ils ne sont pas d’accord avec lui et qu’ils ne sont pas prêts à le suivre, ils n’ont qu’à partir. Ruy Blas affirme que son opinion est la bonne et que toute autre perception mérite le congédiement de l’assemblée. Ruy Blas qui, en réalité. n’est qu’un valet, est respecté etacclamé comme homme politique. Ses collègues l’admirent et reconnaissent son talent : «Cet homme sera grand.» (vers 1167) «Il sera Richelieu!» (vers 1170) Les autres ministres sont conscients des capacités et du potentiel de Ruy Blas. En lui octroyant le pouvoir du Cardinal Richelieu, on insinue qu’il révolutionnera l’époque et qu’il sera infiniment puissant et influant. Rappelons que Richelieuétait le conseiller de Louis XIII tout comme Ruy Blas l’est pour le roi d’Espagne.
Il atteint une réussite personnelle au niveau de sa carrière, mais que serait un homme sans une femme à ses côtés?
Par la suite, Ruy Blas est victorieux dans cette scène sur le plan amoureux. Il proclame enfin à la reine son amour pour elle. Depuis le début de la pièce, nous sommes au courant que Ruy Blas estprofondément amoureux de la reine, et ce n’est qu’à l’acte III qu’il trouve le courage de le lui admettre : «Je suis un malheureux qui vous aime d’amour. Hélas! Je pense à vous comme l’aveugle au jour.» (vers 1215-1216) Il lui avoue son amour et se surprend lui-même. Il est soulagé de pouvoir enfin arrêter de la fuir et de se retenir. Il réalise ce qu’il voulait accomplir depuis longtemps. Son amourpour la reine lui donne des forces, il se sent tout puissant. À son grand bonheur, Ruy Blas apprend que la reine est amoureuse de lui et tout comme les ministres, elle admire son talent d’orateur et de chef de groupe. La reine ayant entendu le discours que Ruy Blas a fait aux ministres lui dit : «Vous avez bien fait de leur parler ainsi. Je n’y puis résister, duc, il faut que je serre cette loyalemain si ferme et si sincère!» (vers 1184-1186) Elle admire Ruy Blas et exige de le rencontrer et de lui serrer la main. Elle reconnaît ses qualités honorables, ce qui est un très grand éloge non seulement en tant que citoyen mais en tant que soupirant. La femme qu’il aime le félicite d’être un homme bon et vient le louanger en personne. Il s’agit d’un grand privilège de recevoir des mots dereconnaissance de la reine. La reine ne cesse de le complimenter : «D’où vient que votre voix parlait comme devrait parler celle des rois? Pourquoi donc étiez-vous, comme eût été Dieu même, si terrible et si grand?»(vers 1207-1210). N’étant pas particulièrement éprise et impressionnée de son époux le roi, elle dit de manière subtile, qu’il devrait prendre exemple sur Ruy Blas. La reine respectel’honnêteté dont a fait preuve Ruy Blas et lui répond : «Je vous donne mon âme. Reine pour tous, pour vous je ne suis qu’une femme. Par l’amour, par le cœur, je vous appartiens. » (vers 1269-1271) Une reine se rabaisse au niveau d’un laquais, lui déclare son amour et se donne à lui. Malgré le fait qu’elle le fasse inconsciemment, Ruy Blas sait que c’est un honneur de devenir l’amant d’une reine. «Ô…