Scène du pauvre

LA SCENE DU PAUVRE

Première scène qui sera censurée
Cette scène est l’illustration pratique de l’impiété de DJ qu’on avait pu deviner aux scènes précédentes.
Comment s’exprime sa force scandaleuse, symbolique ?

I – Une mésaventure symbolique

A – Réalisme de la scène
ð cadre spatio-temporel vraisemblable : un événement fortuit suite à un égarement : ils rencontrent un ermite(commentaire sur son nom) dans la forêt. Vraisemblance de la situation
ð Dialogue vraisemblable et conforme aux conventions sociales : Sg interroge pour le compte de son maître. Sg. Vouvoie et DJ tutoie, ce qui est conforme aux habitudes de personnages de leur classe
ð L’aumône est une pratique courante et fait partie du contrait social : un personnage de la noblesse a pour devoir moral et religieux defaire l’aumône à un pauvre car la vertu est une des vertus théologales du christianisme.

B – Symbolique de la scène

ð Le choix spatial de la forêt n’est pas anodin : en marge de la société elle revêt une dimension symbolique et permet la rencontre d’individus situés aux extrémités de l’échelle sociale.
ð La thématique de l’égarement doit être entendu au sens propre et au sens figuré :l’ermite est aussi celui qui indique la voie et la voix du salut : il se préoccupe du salut de ses semblables en les prévenant contre les voleurs et offre l’occasion d’accomplir une action charitable pour faire son salut.
ð Ce rôle de rédempteur est confirmé par la direction donnée : la droite, qui correspond, au Jugement dernier, à l’emplacement des justes : l’ermite semble offrir une chance d’êtresauvé.

C – A la croisée des chemins

ð Scène située au milieu de la pièce, constituant un moment charnière, point de bascule
ð Commencée comme un échange anodin, elle prend peu à peu des accents évangéliques de tentation du christ au désert, DJ incarnant le tentateur et l’ermite jouant le rôle de tentateur de l’humanité : conformément aux Ecritures, elle se solde par l’échec du Tentateur
ð Cettetentative de séduction sur un représentant de l’autorité religieuse marque le début des ennuis de l’aristocratie, annonce la puissance finale des décrets de la Providence de la fin de la pièce.

Scène paradoxale : apparemment anodine, est en fait cruciale : croyant mettre le pauvre à l’épreuve de la matière, DJ est en réalité somme par le Ciel d’accepter ou de rejeter la Grâce qui lui estofferte.

2 – Renversement des valeurs : le matérialisme contre la charité chrétienne

A – Un dialogue de plus en plus polémique

ð Dialogue très courtois au début s’envenime peu à peu, dès que l’homme rappelle à DJ son obligation de lui faire la charité à la 4ème réplique. L’échange devient alors plus polémique.
ð C’est sans doute le rappel de cette convention religieuse et sociale qui irrité DJð La mention du « ciel » ne contribue qu’à aggraver l’agressivité de DJ
Lui ne veut pas d’intermédiaire mais veut parler au ciel tout seul. Elle affirme le refus de s’en remettre à un tiers pour résoudre ses difficultés, une certaine prétention, solitaire et individualiste, à maîtriser « le monde » comme « l’univers », réitérant la thèse déiste
ð L’idée qu’un autre que lui puisse intercéder ensa faveur auprès du Ciel le met en rage, qui contraste avec l’amabilité du début (« Eh », interjection, puis impératif « prie-le »).
ð Tentative de Sg pour calmer le jeu est comique : il tente de donner une explication à l’emportement de son maître, qui semble absurde hors de son contexte « Vous ne connaissez pas monsieur, bonhomme, il ne croit qu’en deux et deux sont quatre »
ð Les répliquessuivantes font preuve d’une ironie et d’un sarcasme de plus en plus prononcés de la part de DJ : « tu te moques », antiphrase, est caractéristique.
+ pauvre ne prie pas pour ceux qui en ont besoin mais pour ceux qui lui donnent : est complice.

B – Une logique de la surenchère

ð Le mystère de la charité est triplement bafoué à travers le figure du pauvre qui pourrait bien être une figure…