« Personne ne peut savoir si le monde es fantastique ou réel, et non plus s’il existe une différence entre rêver et vivre », disait Jorge Luis Borges, écrivain argentin. Dans Omphale, histoire rococo, nouvelle qui raconte l’apparition d’Omphale, personnage mythologique représenté sur la tapisserie de la chambre d’un jeune lycéen, Théophile Gautier, écrivain de la Parnasse du XIXe siècle,témoigne bien de cela. Nous nous demanderons ainsi en quoi Omphale, être fabuleux auquel Gautier insuffle la vie, est-elle fantastique. Nous allons voir tout d’abord qu’Omphale, histoire rococo appartient au genre de la nouvelle, puis qu’elle détient les caractéristiques du genre fantastique.
Nous allons premièrement déterminer quelles sont les caractéristiques de la nouvelle : une forme brève, doncun récit bref ; un sujet restreint qui comporte une seule intrigue simple, peu de personnages peu approfondis, peu de description, un seul lieu, un seul moment et un récit vraisemblable, fondé sur des actions qui peuvent avoir lieu dans la réalité des lecteurs, qui expose des anecdotes et de courts instants tirés de la réalité, avec une chute.
Ce récit en prose est ainsi très court : à peinequelques pages, qui semblent être destinées à être lues en une seule fois : ainsi nous pouvons établir qu’Omphale, histoire rococo appartient à la catégorie des genres brefs.
Par sa brièveté, cette nouvelle raconte un fait précis, un événement unique, autour duquel se concentrent quelques personnages : ici, la rencontre entre le jeune lycéen Théophile Gautier et Omphale (que nous connaissonsgrâce au titre éponyme de la nouvelle), qui se présente à la fin du récit comme la marquise Antoinette de T*** et qui va initier l’adolescent aux jeux de l’amour. Du « fort jeune » homme, nous savons qu’il s’agit de l’auteur plus jeune, alors qu’il avait dix-sept ans. Il se décrit comme « assez joli garçon », avec « les yeux les plus beaux du monde » et « une chevelure brune et bouclée ». D’une naturenaïve, il se dit « pleins de rêves et d’illusions ». Quant à Omphale, personnage mythologique d’une grande beauté, avec ses « blanches épaules », « ses beaux cheveux blonds cendrés » et sa « délicieuse petite moue », reste entourée de mystère. S’ajoutent quelques personnages secondaires qu’on ne connaît que par leur fonction : le chevalier de ***, oncle de Théophile ; Baptiste, le valet ; Jean,l’ouvrier tapissier ; et « l’Auvergnat », marchand de bric-à-brac. La scène se déroule à Paris, ainsi que nous indiquent « rue des Tournelles » et « boulevard Saint-Antoine », sûrement vers l’année 1828, qui correspond aux dix-sept ans de Gautier. Ce qui est certain, c’est que le règne de Louis XV est bel est bien achevé et que le roi est mort depuis longtemps, comme nous le montre les nombreusesindications tout au long du texte : par exemple, le bâtiment Délices, dans lequel loge Théophile, qui fut construit « au temps de Louis XV », est en ruine et complètement détérioré.
Malgré les évènements surnaturels qui surviendront au fil du récit, le cadre de base reste réaliste : les lieux sont réels, la censure des noms accentue cette idée. La maison et jardin de l’oncle sont d’ailleursdécris avec minutie, et on pourrait vraiment les imaginer entre « la triste rue des Tourelles » et « le triste boulevard Saint-Antoine ». C’est l’intrusion du chevalier de *** dans la chambre du lycéen qui provoque la chute du récit, à la fin de la nouvelle : la fatigue permanente du jeune homme l’ayant alerté de ses activités nocturnes, le chevalier décide de pénétrer dans la pièce sans prévenirpour le surprendre, « si brusquement qu’Antoinette eu à peine le temps de remonter à a place ». Dès lors, il fait décrocher la tapisserie, et renvoie Théophile chez lui. Après une ellipse, nous retrouvons Gautier des années plus tard, adulte, chez un brocanteur, où il croit reconnaître l’ancienne tapisserie de son oncle. Mais il échoue à la récupérer, ce lui permet d’introduire une morale…