Je déambulai, seule, dans cette rue déserte. L’animation de l’après-midi avait laissé place à une nuit glaciale. L’âme en peine, le regard vide, j’errai dans mes pensées. Le bruit deses pas me réveilla, un son feutré et rythmé, trop tard la collision était inévitable. Il était 21h29, mon errance s’acheva sur ce trottoir lugubre face à lui. Sorti de nulle part, perdudans l’ombre, sa bouche émettait des bribes de chuchotements paniqués, des excuses ? Je ne pu dire, chamboulée par cette fascinante vision masculine, son visage à demi éclairé par lesréverbères qui laissait entrevoir une peau diaphane et un regard ténébreux, il était sûrement aussi glacial que cette nuit de décembre mais tout en moi était tiède, mes sens comme enébullition. J’écoutai sa respiration mesurée, sa voix suave ; le vent jouait dans ses cheveux cuivrés. Perdue dans la contemplation de cet être troublant, je ne me rendis pas compte que je metenais à terre, mes affaires éparpillées tout autour de moi. D’un geste leste il me prit la main, la chaleur émanant de ses doigts me surprit, mon rythme cardiaque s’affola, il me redressa etson arôme envahit mon âme, son odeur était enivrante, fragrance sucrée et mystérieuse. Une fois remise sur pieds, prise de curiosité, je me risquai à croiser son regard. Ses prunellesnoires hypnotiques me foudroyèrent, je plongeai en elles, cherchant en vain une réponse à ce personnage énigmatique. Je voulus arrêter le temps, l’empêcher de reprendre son chemin,imaginant les stratagèmes les plus fous pour le garder près de moi ne serait-ce qu’une seconde de plus. Mon sang bouillonna sous ma peau, incendia ma bouche. Mon souffle devint heurté eterratique, aucun son audible ne sortit de mes lèvres, l’air béat je le laissais partir, démarche souple et onduleuse. Ne lui avais-je fait aucun effet ? Me séparer de lui fut douloureux.