4) l’apparition du talon
Peu de temps après, et pour la plus grande satisfaction des hommes et des femmes, les bottiers abaissent le devant des chopines, créant ainsi le talon haut tel que nous le connaissons aujourd’hui. Le premier document relatif aux talons hauts « esthétiques » date de 1533 : Catherine de Médicis – une reine de petite taille, mais d’intelligence diabolique – fait venir sestalons de Florence à l’occasion de son mariage avec le Duc d’Orléans. Ce style fut par la suite adopté par la cour de France.
La chaussure à hauts talons constitua sans nul doute une amélioration par rapport à la chopine, mais elle n’était pas sans inconvénients. En effet, avant l’instauration du tout à l’égout et du ramassage quotidien des ordures, les rues étaient jonchées de débris les plusdivers qui rendaient la marche difficile. Le haut talon permettait certainement d’empêcher le contact des vêtements avec la saleté, mais il était aussi susceptible de s’enfoncer dans la boue des rues. Des solutions variées permirent de remédier au problème.
Au XVIIème siècle, tous les nobles s’avancent en vacillant sur des talons d’au moins 12 cm, en signe de distinction sociale. Même leshommes en portent malgré l’inconfort : leur poids pousse le pied vers l’avant et, ce qui n’arrange rien, la chaussure gauche n’est pas conçue différemment de la droite. Ils marchent donc en canard ! Si le talon haut donne aux femmes une démarche ondulante parfois maladroite, il oblige ces messieurs à se dandiner. Pour éviter de tomber, beaucoup s’aident de cannes qui leur servent d’appui. Mais peuimporte la démarche. A leurs yeux, elle est royale car elle les propulse au sommet
5) Louis XIV
[pic]On dit que Louis XIV, réputé petit, aimait se grandir avec des talons hauts qui, combinés à sa perruque, lui donnaient 30 centimètres de plus! Louis XIV eut même l’idée de porter des talons rouges, comme on le faisait déjà en Angleterre, et les courtisans l’imitèrent. Le talon rouge devintsigne distinctif de la noblesse. On ornait le dessus du soulier de rosettes et de flots de rubans fort coûteux qui firent place, au XVIIIe siècle, à des boucles d’argent serties de pierres précieuses. Les souliers étaient alors de véritables écrins avec des pierres précieuses sur les contreforts, qu’on appelait des « venez-y voir », par coquetterie.
Dans l’Europe des XVIIe et XVIIIe siècles, hommeset femmes considéraient le talon comme un signe de richesse et de statut. En France, le port du talon se fit l’expression de la faveur politique. À la cour de Louis XIV (1643?1715), seuls les favoris étaient autorisés à porter des talons de couleur rouge
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Le déclin du talon : un vent de révolution
La fin de l’aristocratie fut marquée par une opposition grandissante àl’extravagance. À l’aube de la révolution, les classes privilégiées d’Europe et d’Amérique du Nord se mirent à adopter le style plus sobre, prisé des classes moyennes en pleine ascension.
Le talon haut perdit de son attrait dans la mode masculine dès le milieu des années 1700, mais ce n’est qu’au cours de la deuxième moitié du siècle que la hauteur du talon diminua de façon considérable dans la modeféminine. Le talon épais fut peu à peu délaissé au profit de versions plus minces et plus élégantes. Vers les années 1790, les talons ne dépassaient généralement pas les quelques centimètres.
Avec la Révolution française s’annonça l’abandon total du talon. La chaussure plate fut adoptée dès le début des années 1800. Il fallut attendre un demi-siècle pour assister à la résurgence du haut talon.
Lahauteur des chaussures chute avec la monarchie et tous les « citoyens » – nivelés par le bas – adoptent la démarche de l’homme moderne : un pas élastique dans des chaussures à talon plat. Dès 1795, pour la première fois depuis des millénaires, les riches bougent avec autant d’aisance naturelle que le peuple. Le talon haut est mort. La botte, martiale, fonctionnelle, égalitaire, domine le XIXè…