Débat sur le roman « La Religieuse» de Diderot
|Équipe : Frank Freitas, Andy Hoan Nguyen, Frank Ly |
Peut-on affirmer que le roman « La Religieuse» de Diderot est un roman antireligieux?
Notre position : Contre (roman social)
Argument 1 : La dénonciation de l’abus du pouvoir de l’établissement religieuxmalgré les services et la soumission de ses fidèles.
• Preuve : « — Ce n’est pas tout, me dit la supérieure; jurez-moi, par la sainte obéissance, que vous ne parlerez jamais de ce qui s’est passé.
— Ce que vous avez fait est donc bien mal, puisque vous exigez de moi par serment que j’en garderai le silence? Personne n’en saura jamais rien que votre conscience, je vous le jure. » (P.61;Ligne 1689-1695)
• Explication : Dans cet extrait, la supérieure tente de s’assurer que la sœur Suzanne ne parle pas à personne des sévices qu’elle et toutes les autres sœurs font subir à sœur Suzanne
Argument 2 : Au XVIIIe siècle, les femmes sont très peu considérées. Elles sont prisonnières de leur condition et soumises à l’autorité masculine par le sacrement du mariage ou dominées par lepouvoir religieux qui les emprisonne dans des couvents.
• Preuve : Sœur Suzanne s’adresse à sa mère : « — Mais, maman, lui dis-je, il vient encore ici quelques gens de bien; peut-être s’en trouvera-t-il un qui, satisfait de ma personne, n’exigera pas même les épargnes que vous avez destinées à mon établissement.
— Il n’y faut plus penser, votre éclat vous a perdue.
— Le malest-il sans ressource ?
— Sans ressource.
— Mais, si je ne trouve point un époux, est-il nécessaire que je m’enferme dans un couvent?
— À moins que vous ne veilliez perpétuer ma douleur et mes remords, jusqu’à ce que j’aie les yeux fermés. […] » (P.32; ligne 754-764)
• Explication : Dans cet extrait, malgré sa volonté de vouloir prendre ses propres décisions et de vouloirvivre sa propre vie, Soeur Suzanne est confiné à se faire placer dans un couvent, car elle n’a pas de mari. Et même si elle trouverait un mari, ses parents n’ont pas les moyens de lui faire une dot.
En plus, Chantal Nanini appuie notre argument dans son étude de l’œuvre. Elle décrit bien le dessein de sœur Suzanne : « Le drame qu’elle vite dépasse sa propre personne et s’étend à toute unejeunesse essentiellement féminine que l’on sacrifiait un peu trop facilement, au nom d’une conscience religieuse ou, plus bassement, de l’ambition. » (P.252; 2e paragraphe)
Argument 3 : La cible du livre est plutôt le couvent et non la religion.
• Preuve : Voici un passage lorsque l’archidiacre était venu en visite au couvent pour la cause de Sœur Suzanne, il surprend Soeur Suzanne dans sachambre lorsqu’elle prit : « Je priais, lorsque l’archidiacre, ses deux compagnons et la supérieure parurent dans ma cellule. Je vous ai dit que j’étais sans tapisserie, sans chaise, sans prie-Dieu, sans rideaux, sans matelas, sans couvertures, sans draps, sans aucun vaisseau, sans porte qui fermât, presque sans vitre entière à mes fenêtres. Je me levai; et l’archidiacre, s’arrêtant tout court ettournant des yeux d’indignation sur la supérieure, lui dit : “Eh bien! madame?”
Elle répondit :
“Je l’ignorais.
— Vous l’ignoriez? Vous mentez! Avez-vous passé un jour sans entrer ici, et n’en descendiez-vous pas quand vous êtes venue? … Soeur Suzanne, parlez : madame n’est-elle pas entrée ici d’aujourd’hui?”
Je ne répondis rien. Il n’insista pas; […] » (P.103; Ligne2964-2978)
• Explication : Dans ce passage, le couvent se voit humilié, car il est prit par surprise dans en exposant leur tactique d’intimidation. Ainsi, le couvent perd toute sa crédibilité de lieu sacré et saint.
Contre-argument : Le roman n’est pas antireligieux, car elle ne renie pas la religion en tant que telle, mais bien plutôt le contexte social de l’époque.
• Preuve : Le…