Tout ce qui est vrai est-il démontrable?

Il est d’usage de penser que la vérité, de par sa conformité au réel, n’admet pas le doute dans la mesure où il nous est possible de légitimer son fondement à travers une démonstration. Mais il existe un grand nombre d’entités ne pouvant être soumises à une quelconque expérience du fait qu’elles ne soient pas tangibles, et qui pourtant prétendent détenir un degré de réalité indéniable. En effet,nous nous référons sans cesse dans notre vie quotidienne à des Idées telles que la morale, la justice, la beauté et la vérité elle-même, attribuant de ce fait une réalité concrète à des notions a priori abstraites.

Tout ce qui est vrai est-il démontrable? Ce qui étonne ici, c’est que la vérité, bien que nécessairement communicable, universelle, et immuable, ne puisse être sujet à unquestionnement permettant d’établir de manière indiscutable son fondement et discréditant de ce fait tout doute possible. La problématique est alors la suivante: dans un premier temps, nous pouvons penser que la vérité soit transcendante, c’est à dire extérieure à la pensée humaine, et qu’elle ne puisse résider en une pensée ne pouvant se soumettre à une démonstration. Mais une telle hypothèse ne réduiraitt-elle pas à néant toutes les valeurs morales, et de ce fait non tangibles, réglant la vie humaine? Dans un second temps, nous pouvons donc penser que la vérité soit inhérente à l’Homme et qu’elle puisse surgir d’une source autre que la démonstration. Mais comment parvenir à une vérité qui ne puisse être établie soit par un raisonnement logique, soit par l’expérience?

Que signifie tout d’abordêtre vrai?
Dans quelle mesure la démonstration peut-elle se porter garant de la vérité?
A quelle condition la vérité peut-elle trouver son fondement au cœur même de la raison?

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Que signifie tout d’abord être vrai? Il est indispensable pour l’Homme de parvenir à la définition de la vérité puisqu’elle constitue une exigence à la fois nécessaire et complexe. Valeur idéale visée partous les Hommes, la vérité est tout d’abord l’objectif commun à de nombreuses disciplines telles que la philosophie, la psychologie, la science, et la religion. D’autant plus que ces disciplines ne se contentent pas d’une connaissance partielle: rechercher la vérité, cela revient à viser une connaissance totale de ce qui est. Cette aspiration à la vérité absolue se trouve au cœur de l’expériencehumaine. De plus, parvenir à l’appréhension de la vérité est un enjeu pour chacun puisqu’il est indispensable qu’elle constitue le fondement même de nos croyances. Le fondement, c’est ce sur quoi se base quelque chose, et qui le garantit quant à sa valeur. Le fait d’établir des croyances nécessairement vraies est ici indispensable dans la mesure où elles déterminent nos actes et que c’est, entreautres, par nos actes que l’on juge la qualité de notre existence. La difficulté ici est qu’il nous faut faire la distinction entre la vérité et notre opinion personnelle constituée de l’ensemble de nos croyances. Assurément, nous attribuons automatiquement à nos croyances un critère de vérité, et de ce fait il est rare que nous acceptions de les remettre en question. Il paraît alors primordiald’établir une dialectique permettant à tout Homme d’espérer parvenir à l’appréhension de la vérité.
La vérité se construit en réalité de par un triple accord. Tout d’abord, la pensée doit s’accorder avec le réel. Mais le réel est-il une donnée immédiate ou partiellement reconstituée de l’esprit? Le fait est que si la vérité se traduit par la conformité de notre jugement à la réalité d’un fait, alors ilsuffit que notre vision du réel soit erronnée pour que nos croyances que nous tenions pour vraies n’expriment aucunement la vérité. Mais chacun pense communément que nous avons un accès direct à la réalité se présentant à nous comme une donnée immédiate et évidente. Ainsi, comment une telle confusion est-elle même possible? Le terme de réalité, en effet, vient de latin « res » signifiant la…