II La catastrophe naturelle : le reveil de la montagne Pelée :
1)Les signes
Les premiers signes prémonitoires de la montagne Pelée apparaissent dès 1900 quand une ouverture de fumerolles( Fissure ouverte par laquelle s’échappent des gaz volcaniques (vapeur d’eau, hydrogène sulfuré, gaz carbonique, etc.) plus ou moins chauds (entre quelques dizaines et quelques centaines de degrés Celsius) etautour de laquelle précipitent souvent des dépôts colorés) est signalée par M. Arnoux :
« Nous vîmes nettement deux espaces de 30 ou 40 m de rayon complètement dénudés, les arbres couchés et brûlés et le sol parsemé d’une matière jaune que nous pensions être du soufre ».
Depuis le début de l’année 1902, on note l’apparition de plus en plus fréquentes de fumerolles échappées du volcan, eten avril le mouvement s’accélère :
Au début du mois d’avril, les excursionnistes rapportent l’aspect inhabituel des vapeurs sulfureuses émises des fumerolles près du sommet. Elles ne sont pas tenues pour inquiétantes, car des fumerolles étaient souvent apparues puis avaient disparu dans le passé.
Le 23 avril, le volcan émet une légère pluie de cendres sur ses côtés sud et ouest, et desgrondements souterrains se font entendre.
Le 25 avril, Une pluie de cendre tomba sur St Pierre, a cette date l’activité volcanique n’avait jusqu’ici suscité que de la curiosité mais la population commence a s’inquiétait. Certains envoyèrent leur enfant logé dans leur famille dans d’autres régions de l’ile. Cependant le gouverneur(Mouttet) de la Martinique espérant convaincre les habitants qu’il n’y avaitpas lieu d’évacuer la ville, fit venir toute sa famille a St Pierre
Le 26 avril, la zone est recouverte par une couche de cendres indiquant la proximité d’une future éruption ; les autorités publiques ne s’en inquiètent pas outre mesure.
Le 27 avril, de nombreux curieux au sommet du volcan trouvent l’Étang Sec rempli d’eau, formant un lac de 180 m de largeur. Il y a un cône de débris volcaniquesde 15 m de haut sur un des côtés du lac, alimentant le lac d’un jet régulier d’eau bouillante. Des sons ressemblant à ceux dégagés par un chaudron d’eau bouillante proviennent du sous-sol. Une forte odeur de soufre envahit les rues de Saint-Pierre et incommode hommes et chevaux à 10 km à la ronde.
Le 30 avril, les rivières Roxelane et des Peres gonflent, charrient des rochers et des arbresarrachés au sommet. Les villages du Prêcheur et de Sainte-Philomène reçoivent des jets réguliers de cendres.
Le 2 mai à 11 h 30, la montagne produit de fortes détonations, des tremblements de terre, et un panache noir de fumée s’élève. Des cendres recouvrent toute la partie nord de la Martinique. Les détonations se reproduisent à des intervalles de 5 à 6 heures. Le journal local Les Colonies proposede repousser indéfiniment le pique-nique, prévu à l’origine le 4. Les animaux domestiques commencent à souffrir de la faim et de la soif, la cendre recouvrant l’herbe et souillant l’eau.
Fumée noire sortant du volcan
Le samedi 3 mai, le vent souffle au nord, allégeant la crainte à Saint-Pierre.
Le dimanche 4 mai, les chutes de cendres reviennent et s’intensifient, les communicationsentre Saint-Pierre et Le Prêcheur sont coupées. Le nuage de cendres est si dense que les bateaux côtiers n’osent plus s’approcher du port. Les habitants commencent à paniquer et à fuir l’île par les bateaux à vapeur des lignes régulières. La région est recouverte d’une couche de cendres blanche « comme de la farine ».
Du 5 au 7 mai l’activité volcanique s’intensifie et la population prend peur :
Lelundi 5 mai, la montagne paraît s’être calmée au matin ; cependant, à 13 h, la mer recule de 100 m puis revient sous forme d’un raz-de-marée, inondant les quartiers bas de la ville, et un large nuage de fumée apparaît à l’ouest de la montagne. Une paroi du cratère de l’Étang Sec s’écroule et propulse une masse d’eau bouillante et de boue, ou lahar (est une coulée boueuse d’origine volcanique),…