Il y a huit ans, dans un vieux journal, Paris Soir, qui datait du 31 décembre 1941, je suis tombée à la page trois sur une rubrique : « D’hier à aujourd’hui ». Au bas de celle-ci, j’ai lu :
« PARISOn recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1 m 55, visage ovale, yeux gris-marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport marron. Adressertoutes indications à M. et Mme Bruder, 41 boulevard Ornano, Paris. »
A l ‘époque, je devais avoir douze ans. Cet article m’avait marquée car mes parents m’avaient expliqué que des gens qui neméritaient pas la vie avaient enlevé une jeune fille innocente ; c’est pour cela qu’il fallait faire attention de ne pas sortir seul surtout le soir, qu’il fallait rester sous la surveillance de ses parentstout le temps. Ou bien alors, la jeune fille nommée Dora avait fugué de chez elle sur un coup de tête. Ils m’avaient fait peur en m’exposant tous les conséquences de ses actes.
Comme ce journal m’avaittraumatisé, j’étais devenue « l’enfant modèle » qui ne sortait pas, qui ne répondait pas lorsque quelqu’un lui faisait un reproche…
Plus le temps passait, plus je voyais mes amis du collègesortir entre eux, plus j’eus envie de faire comme eux. Mais mes parents me l’interdisaient. En fait, je n’avais le droit de rien faire, et puis je me suis rendu compte qu’ils avaient changé dans leumanière d’être avec moi.
Dans le cadre des cours d’Italien, nous devions faire un voyage scolaire en Italie ; pour cela j’avais besoin de mon passeport et de plusieurs informations sur mapersonnalité, ma famille… afin de trouver un correspondant qui me ressemble le plus. Mais mes parents ne voulaient pas me le donner, ni remplir ces papiers. Des questions et une multitude de doutes s’intalèrent.Je décidai de faire des recherches sur mon identité car ils ne m’en donnaient pas, ils n’avaient pas de photos de mon enfance.
Au bout de quelques mois, je découvris qu’en fait, «Dora Bruder »…