Vagabondages prospectifs autour de l’individualisation et du rôle du responsable de formation
Par Stéphane DIEBOLD
02 juin 2008
La formation est en mutation. Nombre d’observateurs expliquent ce phénomène par les réformes juridiques que la France à connu et qu’elle va à nouveau connaître bientôt. La réforme est bien évidemment structurante mais masque parfois une autre réalité. La formationn’est pas seulement une réaction à une incentive réglementaire mais bien à une nécessité économique. La preuve en est que les pays qui n’incentive pas la formation ne sont pas moins formatifs. Les pays scandinaves sont de bons exemples. Nous laissons à d’autres le soin d’expliquer les motifs et les impacts des anciennes et futures réformes pour nous centrer sur un point plus fondamental.
Lemonde s’accélère. L’acquisition des connaissances et des compétences change de rythme, la vitesse d’apprentissage devient un atout concurrentiel. Une connaissance est de plus en plus rapidement obsolète. L’UNESCO, dans son étude « vers une société du savoir » en 2005, considérait que 80 % des connaissances qui sont actuellement pertinentes seraient sans utilité dans 10 ans. L’Institut Manpower aestimé, sous la direction de Jacques Attali, qu’aujourd’hui la connaissance technique double tous les sept ans alors qu’en 2030, elle doublera tous les 72 jours. La conséquence organisationnelle est énorme : le recensement des besoins, la rédaction d’un cahier des charges, le choix d’un prestataire, la planification de la prestation prend trop de temps, le temps que le processus arrive à son échéance,la connaissance aura au mieux encore une fois doublé. Il faut réduire la prise de décision, et, la réduction maximale est l’individualisation. D’où l’émergence de tous ces concepts qui s’imposent comme le droit individuel à la formation, ou la formation tout au long de la vie, ou encore l’employabilité. La formation s’individualise. Pour aller plus loin que ce lieu commun nous allons chercher àvoire de façon prospective les changements que cela peut occasionner. Nous retiendrons pour synthétiser, deux types de changement, les changements qui concernent les supports et les changements qui concernent les contenus pédagogiques. Dans un premier temps, nous ne distinguerons pas entre changement subit et changement choisi, mais en domaine des possibles.
Blogs, wikis (sites de donnéesauxquels participent bénévolement les usagers), P2P, forums ouverts, sont les éléments de ce que l’on nomme le web 2.0. La nouveauté tient au fait que les usagers changent de statut, de consommateurs, ils deviennent des coproducteurs de contenus. Le domaine des possibles s’accroît de jour en jour. Les réseaux privés émergent, on parle désormais du P3P, Pair à Pair Privé (même s’il s’agit pour une bonnepart d’une appellation marketing, le réseau privé émerge). Un individu seul peut créer sa propre radio avec PeerCast ou sa propre TV en direct avec certaines box, on parle déjà du phénomène de la télévision d’amateur (Amateur TéléVision – ATV). Chacun peut être à l’origine de sa propre communauté virtuelle et faire vivre sa propre tribu, au sens de Michel Maffesoli. Le collaboratif s’impose. DéjàWall Street Institute, organisme de formation de langues, lance une plate-forme en ligne afin d’utiliser le collaboratif pour améliorer l’apprentissage avec des « chats » en ligne, des jeux ludiques et pédagogiques. Chaque apprenant peut créer sa propre page personnelle, sur le mode de Facebook ou Youtube, lui permettant d’afficher ses photos et ses autres centres d’intérêts, autant d’occasion dechoisir des apprenants qui partagent des mêmes domaines d’intérêt et tout cela sont autant d’occasion de communiquer en anglais. Le créateur du dispositif explique l’importance de situer l’apprenant dans un environnement social et « authentique » : « plutôt que de faire des exercices, on va apprendre en agissant socialement ». Les pédagogues créent des mondes virtuels autour d’affinités pour…