COMMENTAIRE COMPOSE DES VERS 1-20 DU POEME DE VOLTAIRE
Le 1° Novembre 1755 survient une catastrophe qui produit sur Voltaire une forte impression. Plusieurs de ses œuvres en portent la marque (« Candide » notamment). Il s’agit d’un tremblement de terre, qui détruit toute la ville basse de Lisbonne, faisant 40 000 victimes. Voltaire rédige dés qu’il apprend la nouvelle un poèmeintitulé « Poème sur le désastre de Lisbonne ».
C’est un long poème en alexandrins, dont on se propose ici d’étudier les vingt premiers vers. On peut qualifier ce texte de « lyrique » et de « pathétique », dans le sens où Voltaire y développe sous une forme poétique ses sentiments personnels face à un événement qui le touche, sa pitié pour les victimes de la catastrophe. On peut aussi ledéfinir comme « polémique ». En effet, Voltaire s’appuie sur cet événement dramatique pour argumenter contre les adeptes de l’Optimisme (philosophie de Leibniz, diffusée en France par le « parti religieux », notamment les Jésuites). Le sous-titre du poème l’indique explicitement : « Examen de cet axiome : Tout est bien » .
Notre analyse du texte aura pour but d’éclairer ces diversaspects. Nous montrerons que l’énonciation du texte révèle l’implication personnelle et l’intention polémique de l’auteur, nous analyserons les procédés exprimant l’émotion, l’indignation de l’auteur et la pitié pour les victimes, enfin nous étudierons les arguments combattus et défendus.
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Les indices d’énonciation de ces vingt premiers vers dupoème montrent que Voltaire prend position : d’abord en exprimant sa compassion et sa souffrance, ensuite en prenant à partie divers destinataires.
En effet, la présence d’un vocabulaire affectif (« effroyable » (v.2), « affreuses » (v.5), « malheureux » (v.6), « lamentables » (v.12) etc…) suffit à démontrer le caractère fortement subjectif du texte, même si la première personne n’y estpas explicitement présente.
En outre, le texte établit d’emblée un dialogue fictif avec divers destinataires. Dans les trois premiers vers, l’auteur s’adresse à l’humanité toute entière. L’humanité y est désignée sous diverses appellations : les « mortels », la « terre » (v.1) l’ « assemblage » de « tous les mortels » (v.2). Puis, au vers 4 apparaît un nouveau destinataire, plus précis: les « philosophes trompés ». Le vers 4 désigne assez clairement pour le lecteur connaissant le contexte les adeptes de la philosophie optimiste de Leibniz, dont on reconnaît le slogan « Tout est bien » (v.4).
Voltaire s’adresse à ces destinataires à travers le procédé éminemment polémique de l’apostrophe. L’apostrophe est une interpellation quelque peu brutale. Dans les deux premiersvers, l’interpellation est introduite par l’interjection « O ». Dans les vers suivants, une succession de tournures impératives : « Accourez, contemplez » (v.5) et interrogatives : « direz-vous » (v.15 et 17) organise la pression argumentative sur ces destinataires que l’auteur prend à partie. On notera notamment l’agressivité de la formule « direz-vous » qui signifie : oserez-vous dire,aurez-vous l’indécence de dire que « tout est bien » ?
La charge polémique du texte se déduit donc du vocabulaire employé (l’adjectif « trompés » complétant « philosophes » au vers 4), du caractère brutal inhérent à la tournure de l’apostrophe.
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On appelle « poésie lyrique » les textes qui expriment les sentiments du poète pour les faire partager au lecteur. Dans cesens très général, on peut définir ce texte comme un poème lyrique. Lyrique et pathétique. En effet, il développe avant tout les sentiments personnels de Voltaire devant la tragédie de Lisbonne, sa pitié pour les victimes et son indignation devant l’injustice du destin. Il utilise tous les moyens de la poésie et de l’éloquence pour faire partager ces sentiments au lecteur.
On notera…