I. Structure et énonciation
1. La structure du texte.
Elle s’organise en quatre mouvements, selon une composition en chiasme (description, anecdote 1, anecdote 2, description). Grâce à quelques connecteurs logiques, on voit qu’un enjeu argumentatif sous-tend le texte.
2. Qui parle ?
Il s’agit d’une narration à la 3ème personne, majoritairement omnisciente. On observe de nombreusesinterventions du narrateur (qui se confond avec l’auteur) : » on l’admirait, et cependant on l’aimait » (sous-entendu : l’admiration suscite ordinairement la jalousie, donc la haine) ; Yébor, anagramme de Boyer (évêque ennemi de Voltaire) ; » 1500 années » (l’ironie naît du contraste entre le motif (dérisoire) de la querelle et ses conséquences (désastreuses)) ; » L’univers avait les yeux sur sesdeux pieds » (idem) ; » sectes » (terme péjoratif) ; les passages en discours direct et indirect recourant à un langage ridicule ; » se contentait » (formule minorative qui s’interprète par l’inverse).
II. Le détour par le conte
1. Deux anecdotes symétriques Le traitement des anecdotes parallèles est à la fois comique (le comique naît de la répétition) et humoristique (l’humour relève d’un artdu langage). Le rire (et la force critique du texte) naît ici du motif dérisoire des querelles ; l’ironie, de la disproportion entre celui-ci et leurs conséquences.
2. L’art du récit
Il est caractérisé par la rapidité grâce à l’asyndète : par l’économie des liens logiques, les faits se juxtaposent, s’enchaînent et le récit est plus vivant. La petite anecdote est structurée sur le même modèle: une définition ironique de la querelle, la dérision des positions en présence (manichéennes) et une chute humoristique (courte).
3. Le cadre spatio-temporel
Il n’est pas réaliste malgré quelques références à l’Orient. Les nombreuses interventions du narrateur suggèrent que l’Orient n’est ici qu’un décor et un détour fictifs pour exprimer des jugements sur l’Occident.
III. Contestationset propositions politiques
1. Une quadruple contestation
Voltaire critique quatre traits du fonctionnement politique :
a) Le manichéisme religieux, caractérisé par la disproportion entre les causes et les conséquences des querelles.
b) Le discours irrationnel et ampoulé employé par les politiques pour tromper le peuple.
c) L’adhésion du peuple, non par acceptation raisonnable, maispar servilité (l. 23-25). d) Le climat de rivalité néfaste qui règne parmi les gouvernants (mélange d’admiration et de haine).
2. Une double proposition
Le régime politique que prône Voltaire repose sur une articulation équilibrée entre raison et goût, l’une tempérant l’autre et réciproquement. On observe ce vœu politique à travers quelques alliances de termes (rire/ pleurer, affaires/embellissements, pouvoir/ arts, grand/ aimable).
Comme dans Les Lettres persanes, de Montesquieu, Voltaire utilise le détour, géographique et historique, de la fiction, pour énoncer des jugements sur les pratiques politiques de son temps. Mais cette dimension critique ne possède pas seulement une valeur polémique : en célébrant les noces de la raison et du goût, Voltaire définit par ailleurs lesvaleurs qui devraient fonder, selon les Lumières, toute activité politique.
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Explication
Le thème a changé ; alors que le sujet essentiel du chapitre VI est la loi, le sujet de celui-ci est la tolérance.
En particulier il s’attaque ici aux rites qui engendrent l’intolérance. Ce n’est plus la vérité ou l’adoration de Dieu qui intéresse le sectaire mais l’exécution aveugle de certainsgestes. Dans le Dictionnaire Philosophique, Voltaire écrit à propos des sectes que le seul principe de troute religion devrait être l’adoration de Dieu et la justice. Tout sectarisme, tout rite est ridicule Lorsque Zoroastre, Hermès, Orphée, Minos, et tous les grands hommes disent : « Adorons Dieu et soyons justes » personne ne rit ; mais toute la terre siffle celui qui prétend qu’on ne peut plaire…