2Ème année

III. UNE HYPOTHÈQUE : Y-A-T-IL DES RÉSERVES POUR LA CONSOMMATION DES MÉNAGES ?
La consommation des ménages est le moteur des scénarios de croissance ici présentée. Son dynamisme est une condition primordiale mais il ne pourra pas reposer uniquement sur la progression des revenus des ménages. Une modification des comportements de consommation plaçant celle-ci sur une trajectoire plus rapide estnécessaire. Au regard de cet impératif, l’instauration d’un climat général de confiance est un enjeu majeur.

A. DES SCÉNARIOS CONDITIONNÉS À UNE FORTE DYNAMIQUE DE LA CONSOMMATION DANS UN CONTEXTE DE PROGRESSION MODÉRÉE DU REVENU DES MÉNAGES
Dans le « scénario central », et, plus encore, dans le « scénario haut » à 3 % de croissance annuelle, la consommation des ménages est le moteur principalde l’activité.

Dans le premier cas, elle évolue à un rythme un peu supérieur à 2,6 % l’an en moyenne sur la période ; dans le second au rythme de 3,1 %.

Ces variations sont plus dynamiques que celles observées sur la période récente. Entre 1995 et 2005, la consommation des ménages n’a progressé que de 2,2 % par an.

En outre, elles sont nettement plus rapides que les gains de pouvoird’achat du revenu des ménages. Ceux-ci sont limités à 1,9 % dans le « scénario central » et à 2,4 % dans le scénario à 3 %. Dans les deux projections, l’ajustement structurel des comptes publics se traduit par un impact négatif des relations financières entre les administrations publiques et les ménages.

Une baisse sensible du taux d’épargne des ménages7(*) apparaît nécessaire pour que leurconsommation soit aussi robuste. Cette évolution nécessite que la tendance longue à l’augmentation du taux d’épargne des ménages se retourne. Entre 1987 et 1994, il est passé de 11 à 15,5 points de revenu. Après une certaine stabilité jusqu’en 1999, un nouvel épisode de hausse est intervenu.

TAUX D’ÉPARGNE DES MÉNAGES FRANÇAIS

(en pourcentage du revenu disponible brut des ménages)

1999
20002001
2002
2003

15,3
15,7
16,2
16,7
15,8

Source : INSEE, base 1995 des Comptes nationaux

La perspective, souhaitable en projection, d’une baisse du taux d’épargne des ménages venant soutenir la croissance, invite à envisager quels sont les déterminants de la consommation et du taux d’épargne, afin de préciser quelles mesures d’ordre économique seraient susceptibles de baisserla propension à épargner des ménages français ou, ce qui revient au même, de dynamiser leur consommation.

B. PRÉCISIONS SUR L’ÉVOLUTION DU TAUX D’ÉPARGNE
La flexion du taux d’épargne des ménages n’est pas une condition envisageable au regard des expériences passées. Mais, pour être utile, il convient qu’elle accompagne la croissance et soit pro-cyclique au cours d’une période de projectionmarquée par l’accélération des revenus.

1. Le lien entre épargne et revenu est traditionnellement fort mais l’épargne est un résidu qui dépend de la dynamique de la consommation avant tout, et donc d’autres variables
Les déterminants traditionnels de l’épargne sont impuissants à rendre compte de ces évolutions récentes. En particulier, les variations du revenu, variable majeure de l’évolutionthéorique du taux d’épargne échouent à expliquer les évolutions observées. L’épargne relève sans doute de facteurs qui lui sont propres, mais les années qui viennent de s’écouler conduisent à rappeler une de ses caractéristiques premières : l’épargne est un résidu de la consommation.

Le taux d’épargne (revenu non consommé/revenu des ménages) est le négatif de la dynamique unissant revenu etconsommation, aux opérations financières près. Il faut souligner qu’en comptabilité nationale, l’épargne des ménages est un résidu qui mesure la non-consommation.

L’épargne n’est pas directement déductible du revenu non-consommé. Une partie de la consommation n’est pas financée par le revenu disponible brut des ménages mais par des opérations de crédit réalisées par eux. Ces crédits n’entrent pas…