A quoi bon échapper aux luttes entre les individus si c’est pour qu’ils se retrouvent broyés dans les guerres entre les États ? L’association des hommes exposée aux propositions 4, 5 et 6 est reprisemais cette fois-ci au niveau international, pour aboutir à la nécessité pour les nations, d’entrer dans une société (Cf. SDN) et d’élaborer un droit international. C’est une nécessité même en tempsde paix car « Si vis pacem, para bellum » (Si tu veux la paix, prépare la guerre) : les préparatifs militaires, même simplement défensifs, coûtent cher et pèsent sur les peuples. Les États seront doncamenés à préférer la négociation au conflit armé. La diplomatie et les règles internationales sont ainsi l’ébauche d’une SDN. Si chaque État reconnaît un droit international et, par sa contribution,donne à une SDN la force qui permet de faire respecter ce droit, le plus faible sera assuré que le règlement des conflits suivra un principe de justice et non de force.
Kant revient sur laproblématique fondamentale de l’Idée : comment se réalisera cette SDN, par hasard (concours épicurien des causes), hypothèse qui ne saurait nourrir notre espérance car elle admet que l’anarchie maléfique serépète dans l’histoire ; ou selon un plan régulier de la nature ? L’histoire des États (les guerres) a-t-elle un sens ? Va-t-elle vers la réalisation d’une SDN ? Tout l’opuscule est la réponse à cettequestion : nous avons besoin de ce jugement téléologique pour construire notre avenir et ne pas demeurer dans la stupidité des bergers d’Arcadie, ni tomber dans état dramatique de guerre perpétuelle.Kant nous met en garde sur les apparences trompeuses, révélant par-là son réalisme : « Nous sommes civilisés au point d’en être accablés. […] Mais quant à nous considérer comme déjà moralisés, il s’enfaut encore de beaucoup. » : si la culture nous rend libres, elle ne suffit pas à nous rendre moralisés : un savant, que sa subtilité distingue d’un sauvage ignorant et fruste peut fort bien être…