La Guyane française (French Guiana) est une colonie française depuis 1604, devenue département français d’outre mer en 1946.
Sa population multiethnique est évaluée à 215 000 habitants en 2009.
De 1852 à 1938, la France a envoyé environ 70 000 bagnards en Guyane.
Les principales destinations étaient :
– les bagnes de Saint-Laurent du Maroni avec le Camp de la Transportation encentre-ville et les camps agricoles ou forestiers autour de la ville : Saint-Jean du Maroni, Charvein, La Forestière (camp spécial pour les Viet-namiens à partir de 1932), les Hattes (en territoire amérindien)
– les Iles du Salut (Ile Royale, Ile Saint-Joseph et Ile du Diable… devenu célèbre avec la détention du capitaine Alfred Dreyfus de 1895 à 1899)
– Kourou (le camp des Roches……dontsubsiste uniquement la Tour Dreyfus)
– Cayenne (le dépôt de la pointe Buzaré)
– Le camp spécial de Crique Anguille (pour les Vietnamiens à partir de 1932).
Les Iles du Salut et le Camp de la Transportation constituent des lieux touristiques très fréquentés.
On a comptabilisé 130 000 touristes en 2009.
Les principaux sites visités (nombre de touristes par an) sont :
Les Iles du Salut :55 000 touristes
Le parc animalier de Macouria : 41 000 touristes
Le musée de l’espace à Kourou : 27 000 touristes
Le centre spatial guyanais à Kourou : 27 000 touristes
Le camp de la transportation : 10 000 touristes
Le musée de Cayenne : 8000 touristes
L’attrait de la Guyane ce n’est pas le bagne – que les Guyanais ont laissé piller, démolir, recouvrir par la végétation luxuriante….entre 1945 et le milieu des années 1980 – car ils considèrent que le bagne leur a fait une mauvaise réputation et ils préfèrent l’oublier,
L’attrait de la Guyane c’est la forêt amazonienne, qu’un parc national de 3 millions d’hectares créé en 2007 va maintenant protéger, le fleuve et les rivières pour les descentes et les remontées plus ou sportives, les nuits en hamac, la faune sauvage et lesréserves naturelles sur le littoral (le marais de Kaw et ses caïmans, la réserve de l’Amana et ses tortues luth, etc.).
Pourquoi parler alors du bagne comme destination touristique ?
1. La politique de protection du patrimoine architectural concerne de nombreux bâtiments du bagne : chapelle, hôpital, maison du directeur qui est devenue musée du bagne sur l’Ile Royale, centre de réclusion, dortoir,cimetière sur saint-Joseph, camp de la transportation, hôpital, quartier officiel, à Saint-Laurent du Maroni, et le Centre spatial Guyanais, propriétaire des îles du Salut depuis 1971 a beaucoup investi depuis 1985 pour réhabiliter de nombreux bâtiments,
2. La littérature, le cinéma, le théâtre, la peinture, les caricatures populaires, ont fait du bagne une curiosité majeure pour le tourisme enGuyane (Papillon, Seznec, Dreyfus, etc.),
3. En 2006, la ville de Saint-Laurent du Maroni a formé un comité chargé de présenter la candidature du bagne de Guyane à l’UNESCO pour un classement au patrimoine mondial de l’humanité (comme l’Australie…)
Le problème est donc le suivant : comment un héritage historique renié par la population locale peut-il devenir un argument touristique majeurpour le tourisme international ?
La première réponse est celle de l’anthropologie du tourisme : la performance touristique permet aux visiteurs non locaux de réemprunter, physiquement et dans l’imaginaire, les trajets effectués par les bagnards, prisonniers ou évadés, de réincarner ces héros de leur enfance, connus ou inconnus, qu’ils vont redécouvrir dans les récits biographiques ouautobiographiques, lus ou relus pour l’occasion.
La seconde réponse est celle de l’anthropologie du patrimoine : les freins mis jusqu’à présent localement pour réhabiliter cette mémoire du bagne risquent de sauter avec l’ouverture au tourisme international que peut susciter une reconnaissance par l’UNESCO : les Vietnamiens, les Algériens, fils ou petits fils de bagnards venus des colonies ont…