En 1919, la France est victorieuse, mais elle a été gravement touchée par la guerre, tant sur le plan démographique que sur les plans économique et financier. Les « classes creuses » (les 1,5 millionde morts de jeunes adultes entraînent automatiquement 1,5 million de naissances en moins) accentuent le « déclin démographique », dont la perception exagérée, bien que le phénomène soit réel, faitnaître un courant néo-malthusien. Les dépenses de reconstruction, le paiement des pensions aux mutilés, aux veuves et aux orphelins, ainsi que le remboursement des dettes de guerre, grèvent lourdement lebudget de l’Etat. La forte inflation et la dépréciation du franc contribuent à la déstabilisation de la société et paralysent les politiques.
La Chambre bleu horizon, puis le Cartel des gauches(1924-1926), peinent ainsi à répondre à ces problèmes de fond. De 1926 à 1929, Raymond Poincaré, ancien président de la République devenu président du Conseil, rétablit temporairement la confiance, enpartie avec l’aide des « Deux cents familles » et stabilise la monnaie.
Lorsque la crise mondiale éclate brusquement en 1929 (elle a commencé en fait plus discrètement dès 1926-1927), la Franceapparaît comme un « îlot de prospérité ». Le poids de l’agriculture – la France ne devient majoritairement urbaine qu’en 1931 -, l’importance des petites et moyennes entreprises, limitent le nombre defaillites.
La crise mondiale accentue les déséquilibres structurels. L’économie française n’est plus compétitive, surtout après la dévaluation de la livre sterling en 1931, année de la faillite du CreditAnstalt (en). Les campagnes sont gravement atteintes par la baisse des prix agricoles, les faillites se multiplient. Le chômage, complet ou à temps partiel, touche toutes les catégories sociales.L’impuissance des gouvernements, les scandales financiers, comme l’affaire Stavisky (1934) sous le gouvernement Chautemps, l’attrait des modèles fasciste et soviétique accentuent les divisions…