Aragon

LE ROMAN FRANCAIS CONTEMPORAIN
Les écrivains pendant la guerre
Des écrivains choisissent de collaborer avec l’occupant par adhésion au fascisme comme Brasillach ou Drieu
La Rochelle, par délire antisémite comme Céline. Drieu La Rochelle prend la direction de la N.R.F., la
prestigieuse revue des éditions Gallimard passée sous contrôle allemand. Beaucoup d’écrivains s’accommodent
du régime deVichy en continuant à publier. Certains participent à des actions de la Résistance (Malraux, Char,
Aragon, Eluard, Vailland) ou se contentent d’apporter leur soutien (Valéry, Sartre). En 1941 est créé le
Comité national des écrivains qui rassemblent des auteurs aussi différents que Mauriac ou Aragon. Sous
l’impulsion de Vercors sont créées les Editions de Minuit.
Littérature et politique : laLibération
Si l’engagement de l’intellectuel en politique date de l’affaire Dreyfus, la Libération réactive cette question et
beaucoup d’écrivains prennent alors position sur les grands problèmes du moment : l’épuration, le rôle du Parti
Communiste, la guerre froide, la colonisation. Par rapport aux écrivains collaborateurs les jugements se
partagent entre les intransigeants (Camus, Aragon) etles modérés (Mauriac, Paulhan). De nombreux
écrivains sont également attirés par la renaissance de la vie politique : Sartre est à l’origine d’un parti éphémère
(le Rassemblement Démocratique et Révolutionnaire), Mauriac exprime son soutien au Mouvement
Républicain Populaire, Malraux participe à la création du Rassemblement du Peuple Français. Mais c’est
surtout le Parti Communiste qui attirenombre d’intellectuels et notamment les écrivains qui ont participé à la
Résistance (Vailland, Guillevic, Claude Roy, etc.).Toute une génération d’écrivains se trouve également
investie d’une fonction morale auprès de l’opinion publique comme créateurs et maîtres à penser (Aragon,
Sartre, Malraux, Mauriac, Camus, Giono). Enfin, des témoignages de rescapés des camps nazis sont publiés :l’Univers concentrationnaire de David Roussay, l’Espèce humaine de Robert Antelme, Je vivrai l’amour des
autres de Jean Cayrol.
Existentialisme et littérature engagée
L’existentialisme est le courant littéraire dominant de l’époque connu pour la vie nocturne de ses groupes
d’artistes et d’écrivains dans les caves de Saint germain des Prés (Juliette Gréco, Mouloudji, Boris Vian) tandis
que Jean-PaulSartre et Simone de Beauvoir discutent avec passion de littérature et des grands problèmes du
temps au Café de Flore…L’intuition philosophique de Sartre (l’homme existe mais sans nécessité) débouche sur
une morale : la liberté absolue de l’homme et son devoir d’engagement. Il fonde en 1947 la revue « Les Temps
modernes » avec Simone de Beauvoir. Albert Camus s’il refuse l’étiquetted’existentialiste, investit cependant
le roman des concepts de cette philosophie ; il met en scène des héros à la fois désespérés et doués pour le
bonheur tandis que son écriture neutre influencera beaucoup d’écrivains. Sans être existentialistes Raymond
Guérin (L’Apprenti) et Georges Hyvernaud (La Peau et les os) écrivent des romans qui procèdent d’un même
climat : refus de la psychologie, atmosphèremorbide, langue âpre. Jean Genet et sa marginalité revendiquée
faite de misère et de délinquance constitue pour Sartre le modèle parfait de la liberté humaine en acte. Boris
Vian devient un des « princes » de Saint germain des Prés et croise la route des pataphysiciens : toute une
génération découvre dans les années 60 son univers loufoque, sa logique bizarre, son vocabulaire fantaisiste, sonhumour grinçant, son goût du bonheur et du désenchantement.
« La génération de 1930 reprend la parole » (M. Nadeau)
Si Louis Ferdinand Céline n’est plus que l’ombre de lui-même, Louis Aragon publie avec la Semaine sainte et
surtout le Roman inachevé deux oeuvres importantes qui traduisent à la fois une fidélité à ses idéaux de
transformation de la société et un « malheur de vivre ». André…