Candide chapitre 18 : « comment en faisant de l’eldorado un monde idéal, voltaire définit-il ses propres conceptions politiques, sociales et citoyennes ? »

Dans une Europe dominée par la langue et la culture française, le XVIIIème siècle connaît un renouvellement étonnant des modes de pensée grâce aux nouvelles découvertes dans le domaine de l’Histoire, de la Philosophie mais aussi des Mathématiques. Ce siècle, nommé siècle des Lumières, favorise le développement des sciences et de l’esprit critique. Voltaire, un des grands hommes du mouvement desLumières, dénonce entre autre la centralisation des pouvoirs autour d’un roi dit « divin », par conséquent le pouvoir arbitraire d’icelui et le fanatisme religieux. Pour cela, il utilise différents genres comme les essais, les traités, les épîtres, les articles présents dans l’Encyclopédie, ainsi que les contes philosophiques tel qu’ici proposé à l’étude, Candide ou l’optimisme publié en 1759.L’analyse porte sur un extrait du dix-huitième chapitre, où est décrit l’Eldorado et son organisation. Il présente Candide et Cacambo arrivés à la capitale, qu’ils visitent, rencontrant le roi. Pour répondre à la question : « Comment, en faisant de l’Eldorado un monde idéal, Voltaire définit-il ses propres conceptions politiques, sociales et citoyennes ? » Nous verrons que l’auteur met en place uneutopie, qu’elle représente l’idéal des Lumières, mais qui à force d’exagération permet une plus grande critique de notre société.

Dans ce conte philosophique, Voltaire met en place un monde heureux, sans cruauté ni conflit, nommé Eldorado. Ce lieu représente un monde parfait, un paradis terrestre. De par son isolement et l’absence de contact avec notre monde, l’Eldorado a développé son autonomie,sa propre organisation et ses propres valeurs. Voici donc une utopie. Tout d’abord, une utopie matérielle. Le champ lexical architectural, composé des mots « palais » « portail » « fontaines » « édifices », est associé à la démesure, notons l’hyperbole « les édifices publics élevés jusqu’aux nues » et les hyperboles chiffrées telles que « deux cent vingt quatre pieds de haut et cent de large »« mille musiciens » « mille colonnes » « galerie de deux mille pas », mais associé notamment au luxe, comme le montre la présence des noms « or » et « pierreries ». Il y a aussi le champ lexical des sens, qui permet à l’auteur d’insister sur l’agréabilité de ces lieux. Il est composé de termes tels que « les marchés ornés » pour la vue, d’une comparaison « une odeur semblable à celle du girofle et dela cannelle » pour l’odorat, et d’un superlatif « jamais on

ne fit meilleure chère » pour le goût. En effet, ces divers procédés utilisés par l’auteur mettent en évidence l’immense richesse et l’abondance dans lesquelles se trouve l’Eldorado. Dans un aussi raffiné et opulent pays, un homme ne pourrait souffrir de quelque mal que ce soit.
Cependant, cette utopie n’est pas que matérielle, elleest aussi politique. Premièrement, les verbes « embrasser » « baiser » et le groupe verbal « sauter au cou » suggèrent une absence de protocole pour saluer le roi et donc une certaine familiarité. On s’imagine alors un monarque humain, agréable, mais surtout accessible. Puis, l’absence de cour de justice, de parlement et de prisons exprimées par les négations « il n’y en avait point » « on neplaidait jamais » « on lui dit que non », permet à l’auteur d’insister sur l’inexistence de la tyrannie, de la criminalité, et de la méchanceté dans ce monde. L’Eldorado est représenté comme un pays idéal dans son organisation et sa politique, bien que ces derniers ne soient pas détaillés.

La cité utopique, où la vie semble se dérouler dans l’harmonie et le bonheur, est idéale. Et à travers cetteidylle, l’utopie a pour but de délivrer un message. Voltaire, lui, expose l’idéal des Lumières.

Le paradis terrestre que représente l’Eldorado est employé par l’auteur pour exposer l’archétype des Lumières. Tout d’abord, Voltaire présente l’importance des Sciences dans la société avec une allusion implicite à l’Encyclopédie à travers le « palais des sciences ». Cette évocation est…