Démophèle et philalèthe

Ces quelques lignes du dialogue entre Démophile et Philathèle, disais-je, illustrent, la rivalité entre le philosophie et la religion sur le plan des revendications de l’une et de l’autre à connaître la vérité.
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Je voudrais, aujourd’hui, creuser un peu cet aspect. Ce n’est possible que superficiellement, car si l’on veut examiner exhaustivement la question de la vérité, c’est toute laphilosophie qui y passe.
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En revanche, si l’on aborde l’immense problème de la vérité, qui est celui de la connaissance, qui est celui du réel, en se plaçant uniquement du point de vue des prétentions respectives de la philosophie et de la religion, on peut parvenir à quelques remarques utiles.
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On peut remarquer, d’abord, que philosophie et religion ont une origine commune.
Sans remonter à la nuitdes temps où tout a une origine commune, dès les premières manifestations de l’intelligence de l’homme, on s’aperçoit que l’attitude philosophique et l’attitude religieuse s’expriment dans la littérature et l’art pictural, en sont même non seulement la matière mais le moteur, probablement.
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Si l’on s’en tient aux premiers pas (et premiers débats) de la philosophie grecque classique, jusqu’auVIème siècle avant Jésus-Christ, on voit bien combien les philosophies (c’est-à-dire les différentes écoles) ont une fonction religieuse (explications de l’origine et de la finalité de l’univers et de la vie) et combien les religions (les différentes croyances) ont une fonction philosophique (pour les mêmes raisons).
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Plus tard, en Occident, au VIème siècle la philosophie disparaît (Fermeturede l’Ecole d’Athènes par Justinien en 529). Elle ne réapparaîtra que sept siècles plus tard avec Thomas d’Aquin, mais sous le statut de « servante de la théologie ».
La philosophie aura les plus grands difficultés à s’affranchir de cet état d’esclavage, ce qui sera le travail des Lumières, commençant avec la Renaissance, s’achevant dans le bruit et la fureur au temps de la séparation.

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Voir,à ce sujet, l’encyclique de Léon XIII « Aeterni Patris », du 4 août 1879, qui définit les rapports entre philosophie et religion, avant que Jean-Paul II en 1898, ne tâche de réparer les dégâts avec son encyclique « Fides et Ratio ». J’ai parlé d’Aeterni Patris (et donné de larges extraits) ici même sur Médiapart, en septembre 1998, à l’occasion de la visite de Benoit XVI).
.http://www.mediapart.fr/club/blog/jeanpaulyveslegoff/130908/foi-et-raison-christianisme-et-philosophie-l-encyclique-aeterni-
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La Renaissance signifie renaissance de l’antiquité. Avec les premières grandes explorations et les premières grandes découvertes, la philosophie reprend les choses où elles en étaient avant la main-mise opérée sur elle par le christianisme. (C’est-à-dire, le christianisme d’Etat, c’est-à-dire,non pas Constantin, mais Théodose et ses successeurs).
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C’est alors que l’on commence à redécouvrir que la philosophie n’est pas seulement également religion, mais qu’elle est aussi science.
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Pour nous, il doit en résulter que la rivalité entre la philosophie et la religion dans la recherche de la vérité ne doit pas seulement s’examiner au moyen des seuls critères philosophiques et religieux(théologiques), mais également – et même surtout,- au moyen de critères scientifiques.
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Mais la science, depuis le temps des pré-socratiques, qu’on appelait d’ailleurs des « physiciens » (Thalès, Anaximandre, Démocrite et son atomisme, bien d’autres encore) a bien changé. (Elle a même beaucoup plus changé que la philosophie et la religion). Elle inclut des subdivisions nouvelles, dont l’une, depremière importance, est l’histoire.

(à suivre)
05/02/2010 15:23Par jean_paul_yves_le_goff
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Message en trois parties : 2/3

Donc, la prétention de la philosophie à connaître une vérité supérieure à celle de la religion, et la prétention inverse de la religion à connaître une vérité supérieure à celle de la philosophie, ces deux prétentions ne doivent plus s’examiner selon les…