La notion de bancarisation

1. La notion de bancarisation :
La bancarisation représente le pourcentage de la population ayant accès au service bancaire. Une population bancarisée à 70% signifie que les 30% restant n’ont pas accès au service bancaire. C’est donc une caractéristique qui traduit du développement d’un pays. Plus un pays est développé, plus il sera bancarisé.
La bancarisation reflète donc le degré depénétration du système bancaire dans les rouages de l’économie et renseigne sur le niveau de développement de l’offre des services financiers. Elle constitue, de ce fait, un élément clé pour le développement des systèmes de paiement. Néanmoins, elle demeure tributaire de facteurs structurels tels que le niveau de développement économique et éducatif, la part de la population active occupée et la confiance dupublic.
2. La mesure du niveau de bancarisation :
Le niveau de bancarisation d’une économie peut être mesuré à travers plusieurs indicateurs :
* La proportion de la monnaie scripturale utilisée dans le règlement des transactions commerciales
* Le taux de bancarisation qui correspond au rapport entre le nombre de comptes bancaires et le total de la population
* La densitébancaire qui représente le nombre d’habitants par guichet bancaire
* La problématique du seuil de bancarisation :
La bancarisation désigne nous l’avons déjà présenté la pénétration des services bancaires dans la population. Il s’agit donc plus d’un processus que d’une situation de fait. Mais à un instant t donné, on peut la quantifier et en juger du niveau. Ainsi il est fréquent d’entendrecertains pays être qualifiés de pays bancarisés tandis que d’autres sont qualifiés de pays sous-bancarisés. Mais la véritable inconnue dans cette catégorisation est le seuil de référence. A partir de quel niveau de pénétration des services bancaires dit-on qu’un pays est bancarisé?
Cette préoccupation me paraît d’une importance capitale. Mes recherches personnelles ne mon pas permis d’identifier unenorme internationale et officielle en la matière. Cependant, il m’a été donné de lire dans plusieurs articles de presse que ce seuil équivaudrait à une couverture démographique d’une agence bancaire pour 5000 habitants. En clair, un pays est bancarisé s’il existe au moins une agence bancaire pour 5000 habitants. A fin 2006, l’Algérie a une agence bancaire pour 25.000 habitants. L’Algérie est doncqualifiée de pays sous-bancarisés. Par contre la France est environ à 2500 habitants pour une agence bancaire. Elle est qualifiée de pays bancarisé. Loin de contester la notion de sous-bancarisation, nous pensons que sa définition demeure assez problématique. Je montrerais la difficulté en me basant sur le seuil de 5 000 habitants/agence indiqué ci-dessus.
En termes d’accès aux servicesbancaires et financiers, 5000 habitants dans un pays développé (PD) n’équivalent pas à 5000 habitants dans un pays en voie de développement (PVD). Il existe une différence qui tient essentiellement au fait que dans les PVD, la population est fortement juvénile (moins de 15 ans) et la proportion d’actifs est moins importante. C’est le contraire dans les PD où la population est vieillissante avec une forteproportion d’actifs. Les jeunes de moins de 15 ans n’ont pas de ressources financières bancarisables et peuvent utiliser la monnaie fiduciaire sans un impact important. Une telle définition ne permet donc pas de traduire le besoin réel de bancarisation dans les PVD. Elle la surestime.
La deuxième insuffisance de cette définition de seuil est qu’elle ne prend pas en compte l’impact du fossétechnologique entre les PD et les PVD. Au niveau de ces derniers, les populations sont très souvent obligées de se rendre physiquement à leur agence pour réaliser la moindre des opérations bancaires. Le traitement des opérations est peu automatisé, ce qui rallonge le temps d’attente au guichet. Il est donc fort probable qu’un client soit obligé de se rendre à plusieurs reprises dans une agence…