« Le savant n’est pas celui qui fournit les vraies réponses, c’est celui qui pose les vraies questions. »

« Le savant n’est pas celui qui fournit les vraies réponses, c’est celui qui pose les vraies questions. »
Claude Lévi-Strauss

L’Histoire est jalonnée d’hommes (et de femmes) qui se sont, indûment ou non, prétendus savants. Chacun avait sans doute sa propre définition à propos de ce terme: pour les uns, celui qui sait (et de fait connaît la vérité); pour les autres, celui qui cherche(et se pose donc multitudes de questions).
Le jugement à ce propos de Claude Lévi-Strauss, anthropologue et ethnologue français, est sans équivoque : « Le savant n’est pas celui qui fournit les vraies réponses, c’est celui qui pose les vraies questions ». De par cette phrase, il soulève une autre question qui me paraît fondamentale: que peut-on qualifier de vraie réponse ou de vraie question?Existe-t-il une seule et unique vérité universelle?

Afin de trouver des éléments de réponses à ces questions, je vais considérer dans un premier temps les détenteurs des réponses, comme les nomme Lévi-Strauss. De tous temps, il s’est produit qu’un individu (ou groupe d’individus) au sein d’une société se sente, de par sa culture, ses études, son érudition en somme, apte à se considérer et à êtreconsidéré en tant que savant. Sa propre foi en ses compétences faisant de lui une sorte de maître à penser pour ses contemporains, voire pour les générations suivantes. De ce fait, ses idées se sont imposées comme des vérités absolues, incontestables. Dans de tels contextes, il est évident que les populations sous cette influence ne se sont guère posé de questions et ont intégré certains modèlesde pensée. Ce phénomène provoque invariablement la formation d’une pensée unique, chaque théorie qui en diffère de quelque manière que ce soit est aussitôt qualifiée d’hérésie.

Prenons comme exemple certains cartographes du Moyen Âge: sur tous leurs plans, la Terre est représentée comme sur une surface plane, au-dessus et au-dessous de laquelle sont respectivement placés le Paradis et L’Enfer.Ils étaient naturellement soutenus dans cette idée par la très puissante église Catholique qui, à cette époque, régnait sur la Pensée; ainsi chaque théorie validée par les hauts dignitaires religieux était-elle à considérer comme parole d’évangile. « La terre est plate, le soleil tourne autour de notre planète qui est la création du Dieu unique », telles étaient les « vraies réponses »imaginées par certains et imposées à tous. Nul n’est besoin de préciser ici la façon dont ces théories ont été jugées par l’Histoire. Ce qui néanmoins est intéressant, c’est le constat que l’on peut faire de l’endoctrinement des masses par des théories qui finalement ne se fondent que sur des légendes, de l’aptitude de prétendus savants à faire croire à des « vérités » qui n’ont aucune base scientifique,qui semblent plus reposer sur des méthodes divinatoires.

Dans l’histoire plus récente, malgré les progrès scientifiques considérables qui ont eu lieu au cours du 20ème siècle, le domaine médical regorge d’incidents qui tendent à prouver une fois de plus que ce que l’on peut considérer comme une vérité un jour, peut s’avérer une erreur monumentale le lendemain. Nombre de patients, dans lesannées 70 et 80 ont subi des traitements aux hormones de croissance, recette miracle, à l’époque; aujourd’hui, on sait que ces hormones ont par la suite provoqué des maladies mortelles telle la maladie de Creutzfeld-Jakob . Or, combien de personnes sont mortes avant que ces « vérités » médicales ne soient enfin désavouées et considérées pour ce qu’elles étaient, à savoir des expérimentationshasardeuses et dangereuses.

Certes, l’Histoire nous fournit également des exemples de savants qui se savaient détenteurs d’une vérité et qui n’avaient pas tort: Galilée savait que la Terre était ronde et qu’elle tournait, cela lui a coûté la vie. Mais il est vrai que d’autres, tout aussi sûrs de leur fait, avaient avant lui, émis ces hypothèses, notamment certains physiciens de la Grèce Antique….