Le journal La Croix consacre un long article à la psychanalyste Monette Vacquin. Partie de la question « A chacun sa vérité ? », Monette Vacquin réfléchit aux différentes formes du malaisecontemporain. Au-delà de la relation ambiguë (rupture / recherche) entre la société d’aujourd’hui et les valeurs traditionnelles, elle remarque que la filiation est au cœur de la tourmente. L’essence des rupturessuccessives depuis des décennies pourrait être le refus de la transmission de la filiation : de mai 68 aux manipulations de la procréation humaine, et à la reconnaissance de l’homoparentalité.
« Lascience voudrait-elle avoir raison contre la filiation, voire avoir raison de la filiation, et effacer jusqu’à son nom ? (…). Avec la fécondation in vitro, ce n’est rien moins que l’alliance dessexes dans la parentalité qui se trouve descellée ». L’exemple du clonage est aussi symptomatique de cette fracture. « Ce n’est pas ce qu’est le clonage qui fait surgir cet effroi. C’est en creux qu’ilfaut le lire, dans ce qu’il ne dit pas et ce avec quoi il rompt, ou prétend rompre. Rompre avec les parents ».
Monette Vacquin s’inquiète aussi de la théorisation de la parole, déconnectée de la réalitédu corps : « L’inflation de l’abstraction dans les discours, l’emballement du temps, vont de pair avec une coupure d’avec le corps senti, vécu, où logeait la souffrance ou le débat intérieur. C’est lechemin du corps à la parole qui doit être coupé ». Pour elle, « c’est toute l’expérience de la vie qui s’idéologise ».
Sur les revendications liées à l’homoparentalité, elle rappelle que : « ce qui estneuf, c’est la demande adressée à la loi, la volonté de la mettre devant ses inévitables contradictions, de la faire plier devant la toute-puissance d’une dialectique à la main de fer (…). Lesjuristes sont pris, nous sommes tous pris, dans quelque chose qui nous dépasse et qui a toutes les caractéristiques d’un délire. D’une maladie de la raison même qui se confond avec une rationalisation…